L ES désordres métaboliques et les complications de l'obésité en font aujourd'hui une véritable maladie nécessitant un bilan et une prise en charge adaptée. Les mesures proposées pour réduire la surcharge pondérale font habituellement appel à des régimes restrictifs qui peuvent avoir un effet amaigrissant rapide, mais le plus souvent temporaire, les patients reprenant plus ou moins rapidement les kilos perdus.
Afin d'obtenir un succès pondéral à long terme, sans risque de carence, l'institut Montebello, très impliqué dans la recherche en nutrition ambulatoire, propose aux médecins un concept destiné à amener progressivement le patient en surpoids à un retour vers un équilibre alimentaire, seule garantie d'une non-reprise de poids.
Il s'agit d'un contrat de rééducation nutritionnelle qui intègre un régime d'épargne protidique strict de courte durée dans une conduite à tenir beaucoup plus large englobant la gestion des problèmes psychologiques et l'émulation corporelle (lutte contre la sédentarité et activité physique nécessaires au maintien des résultats obtenus).
Le régime d'épargne protidique est d'abord un régime fondé sur un programme de conseils nutritionnels avec des apports recommandés en macro-nutriments : protides (1 g/kg de poids/jour), glucides (50 g de glucides assimilables par jour), lipides (10 g par jour sous forme d'acides gras essentiels), et en micronutriments, minéraux et vitamines : calcium, vitamine D, magnésium, vitamine B6, sodium potassium, fer, zinc, sélénium, vitamines antioxydantes E et C, et chrome.
L'intérêt d'une supplémentation en chrome
Le chrome, facteur essentiel à la fois aux fonctions insuliniques, aux régulations lipidiques et glucidiques et au maintien de la masse maigre, est déficitaire chez l'obèse. Les études présentées par le Dr Richard A. Anderson (Betesville, Maryland, Etats-Unis) démontrent l'intérêt d'une supplémentation en chrome (de 200 à 400 µg/jour) chez l'obèse, et notamment chez le diabétique de type 2 obèse, favorisant l'amélioration de la tolérance au glucose, une baisse de l'insulinorésistance, une diminution de l'hémoglobine glycosylée et une augmentation de la masse maigre.
« Chez les diabétiques de type 2, le poids est une préoccupation régulière : 80 % d'entre eux sont soit en surpoids, soit obèses, avec un excès de poids de type androïde en première ligne dans l'insulinorésistance musculaire et hépatique, a souligné le Pr Paul Valensi (hôpital Jean-Verdier, Bondy). C'est pourquoi les régimes à très basse teneur calorique incluant les régimes d'épargne protidique peuvent avoir une place chez les diabétiques de type 2 avec obésité sévère (BMI > 30 ou 35) lorsqu'une réduction pondérale rapide doit être obtenue. L'amélioration de l'équilibre glycémique et des facteurs de risque cardio-vasculaire (baisse des niveaux tensionnels, diminution du taux des triglycérides, augmentation du HDL cholestérol), associée à la perte de poids, peuvent ainsi permettre de réduire les posologies des antidiabétiques oraux, des traitements hypolipémiants et hypotenseurs », a-t-il poursuivi.
Des indications précises
Au même titre que tout traitement médicamenteux, les régimes d'épargne protidique ont des indications précises : obésité (IMC > 30) avec comorbidité somatique et/ou situations nécessitant un amaigrissement rapide (chirurgie orthopédique, chirurgie digestive, chirurgie thoracique ou vasculaire). Il importe de respecter également les contre-indications : enfant et adolescent en période de croissance, grossesse, allaitement, âge supérieur à 68 ans, affections susceptibles d'être aggravées par une restriction alimentaire sévère (diabète insulinodépendant, insuffisances cardiaque, hépatique ou rénale avec macroprotéinurie, troubles du rythme, cardiopathies ischémiques, néoplasies).
Ces règles d'utilisation étant respectées, les régimes d'épargne protidique, intégrés dans une prise en charge nutritionnelle au long cours, ont fait la preuve de leur efficacité.
<*L>(1) Venise, les 27 et 28 février. 3es Rencontres médicales de nutrition ambulatoire présidées par le Pr Antonino de Lorenzo (Rome) et organisées par les Drs Jean-Paul Tournon et Abdelhadi Zahouani (Groupe Montebello France), coordinateurs scientifiques de l'Iistitut Montebello, en partenariat avec « le Quotidien du Médecin » et l'association Autrement (Paris).
Objectif : un consensus des bonnes pratiques
Six ateliers pratiques ont permis aux participants d'échanger leurs expériences, de débattre sur la place et la pratique des régimes d'épargne protidique en ambulatoire (REP). Différents thèmes ont été abordés : les critères d'inclusion, la composition des régimes et l'importance de la complémentation, l'activité physique dans le contrôle du poids, la qualité de vie avant, pendant et après le REP, la place de la thérapie comportementale, etc.
Fort des idées qui ont émergé, l'institut Montebello s'est fixé comme objectif d'établir un consensus sur la pratique médicale des REP en ambulatoire.
Les résultats préliminaires d'une enquête de suivi des REP en ambulatoire
Une enquête*, destinée à vérifier l'efficacité d'un régime d'épargne protidique en ambulatoire, a été réalisée avec la participation de 28 médecins pratiquant les REP en ambulatoire depuis cinq ans et ayant suivi 1 389 patients pendant au moins un an.
L'efficacité du régime a été évaluée sur l'évolution du poids, de la masse maigre et de la masse grasse, et de différents paramètres (pression artérielle, cholestérolémie, triglycéridémie).
Les résultats préliminaires mettent en évidence :
- une perte de poids très significative à toutes les étapes des REP : - 6,9 kg (± 3) à J30, - 12,3 kg (± 5) à J90, - 13,1 kg (± 8) à J365) et ce aux dépens de la masse grasse (- 25 % de la perte de poids total) ;
- une baisse de 0,31 à 0,45 mmHg de la pression artérielle diastolique et de 0,78 à 1,03 mmHg de la pression artérielle systolique ;
- une réduction des paramètres lipidiques : de 0,41 à 0,67 g des triglycérides, de 0,35 à 0,55 g du cholestérol total.
* Enquête coordonnée par les Drs Abdelhadi Zahouani et J.-P. Tournon (Groupe Montebello).
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