Patrick Collombat (INSERM Nice) tient d’emblée à se montrer prudent. « N’écrivez surtout pas que nous avons mis au point un nouveau traitement du diabète de type 1. Même si nos recherches s’avèrent fructueuses, il faudra encore cinq à dix ans pour arriver à un médicament », ajoute ce chercheur qui a présenté lors du congrès de l’ADA les derniers résultats d’un programme international de recherche qu’il dirige.
Son équipe a travaillé, au départ, sur des souris génétiquement modifiées chez lesquelles un diabète de type 1 est induit chimiquement, par la streptozotocine, qui tue les cellules béta. Or, en activant un unique gène, le Pax4, dans les cellules alpha, les chercheurs ont ensuite réussi à induire leur régénération puis leur conversion en cellules béta capables de fabriquer de l’insuline de façon normale. « Ce qui est intéressant, c’est que ces cellules alpha – reprogrammées en béta – sont détectées comme manquantes et qu’il y a genèse de nouvelles cellules alpha pour les remplacer », souligne Patrick Collombat.
Une conversion en douceur
Ces travaux chez les souris ont aussi montré que les cellules alpha mettaient un peu de temps pour se convertir en cellules béta. « Cela signifie qu’elles ont le temps de secréter du glucagon, ce qui est quand même leur fonction primaire. Résultat, le taux de glucagon dans le sang reste tout à fait normal. On a aussi essayé de mesurer si cette capacité de régénération du pancréas pouvait se maintenir dans le temps. Nous avons donc injecté de la streptozotocine à quatre reprises aux souris et à chaque fois, elles ont pu régénérer toutes leurs cellules béta. Nous ne sommes pas allés au-delà de ces quatre injections car les souris devenaient trop âgées, mais nous avons clairement démontré que la reprogrammation fonctionnait de manière relativement durable », indique-t-il.
Un développement chez l’humain
En s’appuyant sur ces résultats, Patrick Collombat s’est allié avec plusieurs laboratoires étrangers, notamment aux États-Unis, en Allemagne et en Autriche ainsi qu’avec la firme Novo-Nordisk pour passer au développement humain. « La première fois, nous avons pu réunir 3,5 millions de dollars. Et là, nous venons d’obtenir 1,5 million supplémentaire, explique le chercheur. Notre première démarche a été de trouver un médicament qui puisse induire la conversion des cellules alpha et béta chez l’homme. Nous avons donc criblé plusieurs milliers de molécules pour en retenir deux ou trois ayant un profil prometteur. À l’ADA, j’ai annoncé que nous avions aujourd’hui une molécule capable, chez la souris, de régénérer les cellules alpha et de les convertir en cellules béta. Je ne peux pas donner son nom car le brevet est en cours. Pour vérifier si cette efficacité se confirmait chez l’homme, nous utilisons des îlots de Langerhans provenant de personnes décédées », indique Patrick Collombat, qui travaille actuellement à la rédaction de l’article présentant ces résultats.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature