«On ne peut demander à des médecins de superviser ou même de se livrer à de telles intoxications médicalement assistées. » Alors que la Commission parlementaire sur le sujet doit commencer ses travaux mercredi 19 janvier, l’Académie de Médecine s’est prononcée cette semaine avec vigueur contre les «salles de shoot». Le rapport du Pr Roger Nordmann sur le sujet a en effet été adopté par une large majorité de ses membres. Le niet de l’Académie à ces «salles d’injection» est masif et sans appel. L’Académie souligne notamment que les médecins qui apporteraient leur concours à de telles expérimentations risqueraient d’engager leur responsabilité sans aucune garantie sur les produits administrés, puisque ces « drogues de la rue peuvent correspondre à des mélanges de toxicité potentiellement mortels».
Philosophiquement, l’Académie n’est pas d’accord non plus, et souligne que «la mise à disposition de telles "salles d’injection" aurait pour effet de sortir, de facto, les drogues les plus détériorantes du statut illicite où elles sont actuellement et de remettre ainsi en question l’image répulsive qu’il convient de leur conserver pour éviter toute confusion dans la population dans son ensemble et, en particulier, chez les jeunes.» A la place les Académiciens estiment que les pouvoirs publics seraient mieux inspirés de solliciter le corps médical sur les soins aux toxicomanes, via notamment l’utilisation de produits de substitution.
La Mildt est contre, Act Up est pour
Les élus UMP parisiens se sont félicités vendredi de l'opposition de l'Académie de médecine à la création de salles d'injections pour toxicomanes, alors que le maire PS de Paris, Bertrand Delanoë, se montre à des expérimentations dans la Capitale. Le président du groupe UMP au Conseil de Paris, Jean-François Lamour, et le président de la fédération UMP de Paris, Philippe Goujon, estiment que cet avis de l'Académie de médecine «conforte la position du gouvernement et de la majeure partie des Français». Hostile également aux «salles de shoot», Etienne Apaire, le président de la Mildt a lui aussi applaudi à la position de l’Académie de Médecine, «qui conforte la position du gouvernement et du premier ministre.»
A l’inverse, l’association Act up s’inscrit en faux contre l’argumentaire de l’Académie: «aucun professionnel de santé, médecin ou autre, n'est autorisé à injecter des drogues, ni à aider à injecter des drogues, dans aucune salle de consommation au monde. C'est une question de responsabilité légale, mais aussi de responsabilisation de l'usager», objecte Act Up. Pour l’association, «cet avis témoigne d'une ignorance crasse des phénomènes d'addiction en général et des salles de consommation en particulier, et d'un refus de travailler avec le minimum d'honnêteté intellectuelle.»
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