Trois mois après les Assises hospitalo-universitaires de Nice et deux mois après la remise du rapport de la mission interministérielle relative aux spécificités des CHU, l'Académie nationale de médecine publie ses recommandations « pour l'avenir des centres hospitalo-universitaires ». L'Académie est « conduite à recommander un ensemble cohérent de mesures assez complexes dont elle souligne (...) l'extrême urgence », reconnaît-elle.
Tenant compte des propositions émises par les différents groupes de travail diligentés par le ministère de la Santé, elle vient à son tour donner du grain à moudre dans la réflexion sur la réforme des CHU.
D'abord, l'Académie de médecine réclame une meilleure coordination à l'échelon national. Elle propose, à ce titre, la création d'un comité consultatif interministériel pour les questions hospitalo-universitaires.
Ce comité serait notamment chargé du numerus clausus ainsi que du problème des médecins étrangers désireux d'exercer en France.
L'Académie suggère, en outre, que soit réorganisée la mission hospitalière, en la régionalisant et en la rendant contractuelle. Les priorités locales seraient définies par un comité régional afin de rendre complémentaires les CHU de la même région.
Estimant nécessaire une coordination plus étroite entre direction et corps médical, l'Académie demande la création d'un institut des hautes études de santé. « La responsabilité médicale des CHU dépend des médecins, qui doivent avoir les moyens de l'assumer. Il est donc indispensable qu'ils disposent d'une autorité effective sur leur personnel médical et paramédical. »
L'enseignement médical doit être mieux reconnu
L'Académie se penche également sur les « Fédérations médicales », qui associent, par exemple, des services de médecine, de chirurgie, de biologie et d'imagerie spécialisés dans le même domaine. Créées sur une base contractuelle et pour une durée limitée, ces fédérations devraient devenir, selon l'Académie, le pivot de réseaux associant éventuellement des services issus d'établissements hors CHU (hôpitaux généraux, militaires d'instruction, établissements privés de la région, centres anticancéreux) et répondre à un projet à la fois médical et d'enseignement, de formation et de recherche clinique.
L'enseignement médical doit être mieux reconnu. L'Académie réclame donc qu'une « Habilitation à l'enseignement médical », qui serait l'équivalent de l'Habilitation à diriger les recherches (HDR), soit exigée pour les candidats aux concours hospitalo-universitaires. L'Académie réclame une plus grande autonomie des facultés de médecine. Elle demande enfin de nouveaux moyens, à la fois pour l'enseignement et la recherche.
La complexité des mesures avancées par l'Académie est, selon ses propres termes, « le reflet des problèmes auxquels est confrontée la médecine hospitalo-universitaire, située au carrefour des responsabilités d'un service public hospitalier, de l'université, de la formation professionnelle, de la recherche, qui, toutes, engagent fortement l'avenir de nos concitoyens et le prestige de la nation ».
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