« DEBUT MAI », Philippe Douste-Blazy « espère (être) en mesure de partager avec les autres acteurs un texte de nouvelle gestion de l'assurance-maladie ». Dans un entretien aux « Echos », le ministre de la Santé et de la Protection sociale ajoute qu'il prévoit « dans le même temps, (de) proposer des mesures qui visent à lutter contre certains abus et gaspillages, et (de) proposer avec les professions de santé les bases d'une régulation médicalisée des dépenses ». « Nous ne devons avoir qu'une obsession : prendre des mesures équitables. La première est de dire la vérité, même si elle fait mal, tout particulièrement certaines dérives du système dont j'aurai prochainement à parler. Il faudra d'abord colmater les brèches pour ne pas donner l'impression de combler un trou sans fond. Le système doit être responsabilisé à chaque niveau », poursuit-il.
Le ministre réaffirme son intention de « trouver un accord avec tous les acteurs » sur la gouvernance et fait appel au « sens des responsabilités » des professions de santé sans lesquels « aucun système ne peut se mettre en place ». Après les syndicats de salariés et la Mutualité française la semaine dernière, ainsi que le Medef hier, les acteurs du monde de la santé seront écoutés ces jours-ci par Philippe Douste-Blazy et son secrétaire d'Etat à l'Assurance-maladie, Xavier Bertrand. A partir d'aujourd'hui et jusqu'à vendredi, ils recevront en effet les leaders des syndicats de médecins libéraux (Csmf, puis SML, FMF, MG-France et Alliance), les responsables des fédérations hospitalières publiques et privées (FHP, Fehap et FHF), en plus des présidents des trois caisses nationales d'assurance-maladie (Cnam, MSA et Canam).
Par ailleurs, c'est ce matin que commencent les travaux de la mission d'information parlementaire sur l'assurance-maladie, créée à la demande du président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré. Le ministre de la Santé « salue cette initiative » dans « les Echos », d'autant que « le Parlement, encore plus que les autres acteurs, a un rôle essentiel à jouer ». Alors que le Parti socialiste a accepté de participer à cette mission d'information mais refusé de la coprésider, Philippe Douste-Blazy « espère que l'opposition parlementaire saura dépasser les luttes stériles » pour « l'enjeu national fort » de la réforme de la Sécu.
12 milliards de déficit ?
Le temps presse, puisque avant même la réunion de la Commission des comptes de la Sécurité sociale (sans doute au début de mai) le ministre évalue le déficit prévisionnel de 2004, non plus à 11 milliards d'euros, mais à « 12 milliards », soit « 23 000 euros chaque minute » ou encore « 400 euros par foyer et par an ».
Des chiffres qui expliquent l'impatience des syndicats de salariés à connaître les mesures de financement que prendra le gouvernement. Ils lui suggèrent d'ores et déjà une augmentation des prélèvements (CSG, cotisations) et/ou un élargissement de leur assiette, et surtout un apurement de la dette afin que cette dernière n'obère pas la gestion du système rénové.
Vu l'ampleur du déficit, le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, souhaiterait toujours, selon « le Figaro », que « cette réforme soit derrière nous début août », et entend faire preuve de pédagogie sur ce dossier à l'occasion d'une émission sur France 2 au début de la semaine prochaine.
Cependant, le renoncement aux ordonnances et l'accent mis dans un premier temps sur un nouveau schéma de gouvernance (« le Quotidien » du 19 avril) incitent les partenaires sociaux à penser que la réforme sera en réalité morcelée et plus longue que prévue, avec un train de mesures repoussé à l'automne dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2005.
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