Le nombre de visites à domicile a baissé globalement de 22,5 % en France métropolitaine, selon le bilan de l'accord de bon usage des soins (AcBUS) « visites » établi par les caisses d'assurance-maladie « sur une année complète », entre juillet 2002 et juin 2003.
Prévu par l'accord du 5 juin 2002, passé entre les caisses et les médecins généralistes après une longue grève des gardes, cet AcBUS permet aux généralistes, depuis le 1er octobre 2002, d'appliquer une majoration remboursable de 10 euros au tarif de leur visite (V à 20 euros) si leur déplacement au domicile du patient est justifié par des critères médicaux ou socio-environnementaux (personne âgée de plus de 75 ans, difficultés d'accès aux soins de premier recours...). A défaut, l'AcBUS les autorise à appliquer un dépassement d'honoraires (DE) pour les visites dites « de confort ». Avec une diminution de 22,5 % du nombre total de visites sur un an, tous régimes confondus, l'objectif chiffré de l'AcBUS (- 5 %) est largement dépassé, avec des variations régionales (voir carte). Les plus fortes baisses sont enregistrées dans le Nord - Pas-de-Calais (- 30,4 %), en Picardie (- 27,7 %) et en Poitou-Charentes (- 25,1 %), mais la part des visites sur le total des actes (C et V) y était initialement supérieure à la moyenne nationale. En outre, la diminution du nombre de visites est relativement plus lente en Corse (- 15,4 %) et en PACA (- 17,6 %), alors que ces régions pratiquent aussi beaucoup de soins hors cabinet.
Les visites à domicile ne représentent plus que 16,3 % des actes des généralistes entre juillet 2002 et juin 2003 (contre 21 % de juillet 2001 à juin 2002), sur les trois régimes d'assurance-maladie. Dans le seul régime général, les visites permettent une diminution de 1,2 % du volume global d'activité des généralistes sur la même période.
« Après avoir fortement chuté (...), le nombre de visites dispensées par les médecins généralistes semble avoir atteint un plancher depuis quelques mois », relève cependant l'assurance-maladie. Autre bémol au « succès » de l'AcBUS : « La forte utilisation de la majoration de déplacement s'est confirmée au fil des mois. » La majoration s'appliquait à 85 % des visites à la fin de 2002, puis à 91,6 % en août 2003.
Le bilan annuel de l'assurance-maladie fait le point également sur la pénétration des médicaments génériques sur le marché français, puisque l'autre versant de l'accord du 5 juin avec les médecins généralistes engageaient ces derniers à prescrire davantage en génériques et en noms de molécules plutôt qu'en noms de marques. La CNAM note que, après une nette accélération au second semestre 2002, le taux de génériques parmi les médicaments généricables a atteint un « point culminant » cette année au mois d'avril. « Alors que, à la fin d'avril 2003, près de 52 % des boîtes de médicaments délivrées au sein du répertoire (1) étaient des boîtes génériques, elles ne représentent plus que 49 % à la fin d'août 2003 », souligne la CNAM. En valeur, ces médicaments sont passés de 6,3 à 5,8 % de l'ensemble des montants de pharmacie présentés au remboursement. Sur les huit premiers mois de l'année 2003, les génériques représentent 50,4 % des boîtes délivrées par rapport aux médicaments généricables et 41,4 % des médicaments du répertoire en valeur. « L'annonce par le ministèrede la mise en place du TFR [tarif forfaitaire de responsabilité fixé pour certaines classes de médicaments sur la base du prix des génériques, NDLR] a fait un peu plafonner les prescriptions de génériques », commente le Dr Michel Combier, président de l'UNOF-CSMF.
A MG-France, le Dr Pierre Costes explique que le tassement des génériques n'est pas étranger aux stratégies de « contournement » des laboratoires pharmaceutiques. Outre la tendance au contournement du TFR par un alignement des prix des produits princeps sur ce tarif opposable, il constate un contournement de l'engagement des médecins à prescrire en génériques par le « développement de certaines formes galéniques » plutôt que d'autres plus faciles à substituer.
(1) Même s'il a été actualisé depuis, la CNAM se réfère constamment au répertoire des groupes génériques du 18 juin 2002 pour ses comparaisons.
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