Dans le cadre de la série de forums thématiques organisés par le Medef dans les régions afin de « consulter la base entrepreneuriale » à l'approche des élections, le patronat s'attaque, aujourd'hui à Strasbourg, à la réforme de la protection sociale.
Il s'agit d'un des dossiers les plus sensibles de cette vaste opération de terrain, intitulée par le Medef : « En avant l'entreprise, en avant la France! »
Plus d'un millier de participants sont attendus à cette quatrième réunion publique que présidera Denis Kessler, vice-président délégué du Medef. Après des tables rondes consacrées aux retraites et au paritarisme, Denis Kessler devrait expliquer dans un esprit annoncé comme « apolitique et non partisan » la réforme actuellement envisagée par l'organisation patronale pour la Sécurité sociale qui est, selon lui, « à bout de souffle ».
A cette occasion, Denis Kessler devrait notamment revenir sur les raisons profondes du désengagement du patronat de toutes les caisses de Sécu.
Assurance-maladie : une concurrence tempérée
La réforme de l'assurance-maladie que la direction du patronat a dans ses cartons est particulièrement novatrice (« le Quotidien » du 4 octobre). Le Medef est partisan d'un « après-CNAM » qui ne soit ni l'étatisation, ni la privatisation totale, ni la régionalisation. Il s'agirait en substance d'un système de mise en concurrence tempérée comportant « des principes d'économie publique et des principes d'économie privée ».
Dans ce schéma, l'Etat définirait les priorités de santé publique, l'universalité de la protection, la non-sélectivité des risques, la garantie viagère, le « panier de soins » (ce qui doit être remboursé) et le financement socialisé intégral de l'assurance-maladie par la CSG.
Mais dès lors que ces principes généraux seraient respectés, les Français auraient la possibilité de s'assurer, au choix, auprès d'organismes publics, mutualistes ou privés, eux-mêmes responsables des relations avec les professionnels de santé. Selon le vice-président délégué du Medef, ces grands opérateurs de soins (qui seraient, à terme, moins d'une dizaine sur le « marché » de la santé) pourraient alors passer des contrats extrêmement divers avec les professionnels concernés, allant du salariat au statut libéral total. Une organisation que certains n'hésiteront pas à rapprocher du HMO américain, même si le Medef se défend de vouloir transposer en France ce système.
En ce qui concerne l'hôpital, le Medef plaide pour un financement par pathologie, sous réserve d'une dotation spécifique (pour la recherche, l'aménagement du territoire ou encore l'urgence).
En portant le débat dans les régions à quelques mois des élections, le Medef veut nourrir le débat public, mais surtout prendre date. « La France progresse, mais toujours en retard, déclarait récemment Denis Kessler. La réforme verra le jour dans quelques années : d'ici là, il convient d'argumenter et de se battre pour convaincre. »
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