D ANS un courrier adressé aux cinq organisations de salariés (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC, CFTC) et aux deux autres organisations d'employeurs (CGPME et UPA), le patronat lance des invitations officielles pour le mardi 12 juin à 15 heures au Medef pour une première réunion et un « large échange de vues ». La date choisie par l'organisation patronale traduit une accélération du calendrier des discussions entre partenaires sociaux. Récemment, Denis Kessler, vice-président délégué du Medef, avait en effet laissé entendre que le chantier de la refondation sociale consacré à l'assurance-maladie ne serait ouvert qu'en septembre et sous la forme, modeste, d'une « contribution à des réflexions à venir ».
Il semble que le Medef n'ait pas souhaité, en définitive, rester absent du débat actuel sur l'avenir du système d'assurance-maladie.
Des « propositions de réforme » en temps utile
« Le patronat ne pouvait pas rester plusieurs mois sans expression sur un dossier aussi brûlant », analyse un administrateur syndical de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM). Le courrier d'invitation adressé par le Medef aux organisations d'employeurs et de salariés ne manque d'ailleurs pas d'ambition. « A l'évidence, écrit Denis Kessler, ce dossier [l'assurance-maladie] déborde largement le strict champ de compétence des partenaires sociaux et concerne aussi bien les professions médicales que les pouvoirs publics. Nos discussions pourront, nous l'espérons, dégager des objectifs communs, en termes d'organisation du système de soins et d'assurance-maladie. » Et d'évoquer, un peu plus loin, de futures « propositions de réforme »,« en temps utile ».
Si le Medef souhaite reprendre la main dans le débat sur l'avenir de l'assurance-maladie, la voie sera, cette fois, très étroite pour lui dans la mesure où toutes les organisations de salariés se sont saisies du dossier depuis plusieurs mois au sein de divers groupes de réflexion.
Dans ce contexte de bouillonnement, le groupe des sept (G7) qui réunit trois syndicats de médecins (CSMF, SML et FMF) et quatre confédérations de salariés (CGT, FO, CFTC, CGC) a pris un net avantage en dévoilant un projet abouti de réforme de la médecine de ville (« le Quotidien » du 4 mai). Une autre coalition qui réunit quatorze organisations professionnelles et syndicales, sous la houlette de la CFDT et de MG-France, peaufinera son projet de « système de soins à responsabilités partagées » au cours d'un forum de réflexion les 7 et 8 juin. Parallèlement, le comité des sages chargé par Elisabeth Guigou d'une mission de concertation pour la rénovation des soins de ville poursuit ses auditions. Le patronat n'est donc pas le mieux placé pour imposer se vues. Denis Kessler qui, lors du dernier point presse mensuel du Medef, s'est félicité de « voir beaucoup de gens réfléchir sur l'assurance-maladie », a dessiné à son tour, dans le courrier d'invitation adressé aux partenaires sociaux, les contours des discussions sur l'assurance-maladie dans le cadre de la refondation sociale. « Dans un contexte de vieillissement général de notre population et de la mise en uvre de thérapeutiques toujours plus élaborées et plus coûteuses, il importe d'anticiper ces évolutions en recherchant de nouveaux équilibres qui permettent de garantir à l'ensemble des assurés l'accès à des soins de qualité au meilleur coût », affirme le vice-président du Medef.
Reste à savoir comment les confédérations de salariés réagiront à l'invitation du Medef, car certaines d'entre elles ont déjà exprimé leur refus de « subir » plus longtemps un agenda fixé par le patronat. Pour l'instant, la prudence prédomine. « L'assurance-maladie est un sujet complexe. J'espère que les discussions avec le patronat seront larges, commente Jean-Claude Mallet, secrétaire confédéral de FO. En tout cas, cela ne fera pas l'objet d'une négociation, ce sont uniquement des échanges de vue qui visent à rechercher les points de dysfonctionnement. » André Hoguet (CFTC) va plus loin, mettant déjà en garde le Medef. « S'il s'agit de mettre le régime de base en concurrence avec le privé, il y aura des oppositions très fermes. » Pour Solange Morgenstern (CGC), les organisations membres du G7 sont aujourd'hui en position de force, soudées par un projet de réforme commun associant une très grande partie du corps médical. « On ira à la réunion du Medef avec des orientations fermes et abouties et un projet bien ficelé. Après, si le Medef veut l'enrichir... »
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