C'EST aujourd'hui, à quinze heures, dans les locaux du Medef, que les partenaires sociaux vont enfin ouvrir le chantier de l'assurance-maladie, inscrit depuis longtemps au menu de la refondation sociale.
Après les négociations difficiles sur « la santé au travail », qui ont laissé un goût amer aux confédérations de salariés, Denis Kessler, vice-président délégué du patronat, a proposé cette première réunion paritaire (qui n'est pas une négociation) consacrée à l'assurance-maladie « afin d'avoir un large échange de vues sur ce thème ».
L'Etat et les médecins auront aussi leur mot à dire
Outre le Medef, sept organisations devraient donc se retrouver autour de la table aujourd'hui : les deux autres représentants des employeurs (CGPME et UPA) et les cinq grandes centrales syndicales de salariés (CFDT, CFE-CGC, CFTC, FO et CGT).
Pour plusieurs raisons, le contexte de ces discussions est très différent des pourparlers sur l'avenir de l'Unedic ou de la santé au travail.
D'abord, le Medef n'est pas en position de force et il lui sera impossible d'imposer ses thèses libérales sur un sujet qui implique directement l'Etat et les médecins. « A l'évidence, reconnaît Denis Kessler, ce dossier déborde le strict champ de compétence des partenaires sociaux et concerne aussi bien les professions médicales que les pouvoirs publics. » Surtout, les cinq organisations de salariés ont déjà réfléchi de leur côté, pendant plusieurs mois, à l'avenir du système d'assurance-maladie. Quatre d'entre elles (CFE-CGC, CFTC, FO et CGT) ont présenté récemment, avec trois syndicats de médecins libéraux, un projet de réforme très détaillé qui vise en particulier à rebâtir le système conventionnel moribond. Quant à la CFDT, qui préside actuellement la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM), elle vient de tenir pendant deux jours, avec treize autres organisations du domaine de la santé, un séminaire sur l'évolution du système de soins. Autrement dit, les représentants des salariés ne se présentent pas à la réunion du Medef sans munitions. Et cela change la donne. « Nous avons un projet unitaire solide, met en garde André Hoguet (CFTC). Nous n'irons pas au Medef pour vendre aux assurances privées le régime de base obligatoire. »
En fait, le seul intérêt de cette première séance paritaire sera de voir ce que le patronat propose pour l'assurance-maladie, après être resté longtemps absent de ce débat. « La discussion sera ouverte et contradictoire, peut-être même chaude, mais on a quelques idées sur la refonte du système... », déclare-t-on sobrement au Medef.
Dans une lettre adressée à Lionel Jospin la semaine dernière, le président du Medef, Ernest-Antoine Seillière, a exprimé sa « grave inquiétude sur la situation et l'avenir de la Sécurité sociale ». Il dénonce la mise à contribution de la Sécurité sociale pour le financement des 35 heures, une « ponction forcée » que le président du Medef assimile à « un détournement inacceptable de l'argent prélevé pour la Sécurité sociale, à la fois injuste, illégitime, incohérent et périlleux ». Dans ce même courrier, le patron des patrons fustige la « confusion des responsabilités totale » dans la gestion de la Sécurité sociale et il craint un nouveau déficit des comptes « d'ici à un an » en raison du ralentissement de la croissance et de l'augmentation « incontrôlée » des dépenses d'assurance-maladie.
Les recettes du Medef pour sauver la Sécu sont donc particulièrement attendues.
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