Le traitement par voie endoscopique est, avec l'antibioprophylaxie, l'une des alternatives à la chirurgie dans le traitement du RVU chez l'enfant. Utilisé depuis une quinzaine d'années, il consiste à rétablir le mécanisme antireflux en injectant dans la muqueuse vésicale au niveau de l'orifice urétéral, une substance capable de « corriger » l'anomalie anatomique responsable du reflux. Plusieurs produits, à base de silicone, de téflon ou de collagène d'origine animale, sont aujourd'hui utilisés avec des taux de guérison d'environ 70 %.
Deflux, développé par les Laboratoires Q-Med, présente l'avantage d'être naturel, bien toléré pour une efficacité similaire. La molécule est en effet composé d'acide hyaluronique stabilisé non animal (NASHA) et de dextranomère, tous deux obtenus par génie génétique.
NASHA est la substance de base de tous les produits Q-Med. Le procédé de stabilisation et de réticulation (à 1 %) mis au point par Bengt Agerup (voir encadré) lui confère la structure d'un gel et empêche une biodégradation trop rapide. Le dextranomère est un dérivé du dextran, autre polysaccharide découvert dès les années 1870 (production du sucre de betterave) et utilisé en clinique comme substitut du plasma sanguin dans les chocs hypovolémiques. Une de ces autres propriétés est de favoriser la cicatrisation. Dans Deflux, il se présente sous forme de billes qui ont la particularité de ne pas se fragmenter et, grâce à leur taille (80-250 microns), de ne pas migrer.
Ainsi, grâce à ses propriétés, le copolymère peut être facilement injecté et forme sous la paroi vésicale un support solide : au cours de la lente biodégradation par hydrolyse, le volume disparu est remplacé par des fibroblastes et du collagène endogènes. Le volume ainsi maintenu pendant trois à cinq ans améliore le mécanisme antireflux s'améliore.
Eviter les complications
On sait qu'environ 1 % des enfants souffrent de RVU congénital. La maladie est due à un défaut de la valve antireflux physiologique assurée en tant normal par une configuration anatomique particulière de la jonction urétéro-vésicale. Elle se caractérise par des infections urinaires à répétition qui sont souvent une circonstance de découverte du RVU. Leur traitement permet d'éviter les complications : pyélonéphrite avec séquelles secondaires graves, insuffisance rénale chronique avec HTA qui nécessite parfois une dialyse.
L'indication thérapeutique est fonction du degré de gravité du reflux (classification internationale : grades I et II sans dilatation, grades III et IV avec dilatation et V). En effet, la fréquente régression spontanée des RVU de grades I et II (80 % à 1 et 2 ans) justifie une antibioprophylaxie seule. Les RVU de grades plus élevés ne régressent que dans 16 % des cas. La réimplantation chirurgicale des uretères est efficace : taux de guérison de plus de 99 % tous stades confondus. Mais l'intervention est lourde avec des suites opératoires douloureuses. Le traitement par injection endoscopique sous anesthésie légère trouve donc sa place dans les RVU de grades III et IV.
Depuis la mise au point de Deflux en 1992, 309 patients atteints d'un RVU de grade modéré ont été traités (mai 1993-avril 1998) à l'hôpital d'Uppsala et suivis pendant trois à huit ans par le Pr Göran Lackgren. « Le taux de guérison a été de 64 % après une seule injection. »
Les suites sont simples : une radiographie de contrôle trois mois plus tard permet de vérifier la disparition du reflux. Une ou deux injections supplémentaires peuvent être nécessaires. Le taux de succès est alors de 70 %. Le suivi à cinq ans montre que 80 % des enfants traités n'ont plus besoin de traitements ultérieurs. Pour les 20 % restants, l'antibioprophylaxie ou l'intervention chirurgicale sont indiqués.
Deflux a été approuvé dans cette indication en 1998 en Europe et en décembre 2001 aux Etats-Unis. Aujourd'hui, 4 000 enfants ont été traités dont 500 en France. Aucun effet secondaire lié à la molécule n'a été constaté. La simplicité de la technique, sa rapidité (30 minutes et une hospitalisation de quelques heures) et ses résultats immédiats en font un traitement prometteur du RVU.
Uppsala.Conférence de presse des Laboratoires Q-Med
Success story
Cela ressemble à une « success story » : un savant obstiné reçoit, au milieu des ustensiles de cuisine qui lui tiennent lieu d'instruments de laboratoire, le Pr Göran Lackgren, urologue à l'hôpital d'Uppsala (Suède). Ce dernier, intéressé par le traitement endoscopique du RVU, cherche un implant naturel, sûr, biodégradable, facile à injecter et offrant une longue durée d'action.
Bengt Agerup, spécialiste de l'acide hyaluronique qui a fondé son laboratoire en 1987 (Q-Med), décide de relever le défi.
Ainsi naît la technologie NASHA. Dès l'année 1992, la formule du Deflux est trouvée et les premiers essais cliniques commencent.
Mais la première application de NASHA est esthétique : Restylane pour le comblement des rides et des lèvres (approuvée en Europe en 1996), puis Restylane Fine Lines et Perlane.
Dans le domaine médical, outre le RVU (Deflux), les applications s'étendent à l'ostéoarthrose du genou (Durolane approuvé en Europe en mai 2001) et à l'incontinence d'effort de la femme (Zuidex bientôt commercialisé en Europe).
Q-Med est aussi présent dans le domaine de la thérapie cellulaire, en particulier du diabète insulino-dépendant.
En 2001 Bengt Agerup fut élu meilleur entrepreneur de l'année en Suède.
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