Facteurs étiologiques
La question des facteurs étiologiques de l'obésité infantile est importante et directement liée à celle des stratégies de prévention. Un certain nombre de données épidémiologiques permet aujourd'hui d'apporter des éléments de réponse. On observe dans les pays émergents, comme la Chine et le Brésil, une différence importante dans l'incidence de l'obésité chez l'enfant entre les milieux ruraux, peu concernés et les milieux urbains beaucoup plus touchés. La majoration du taux d'obésité est, dans ces pays, probablement liée à des facteurs environnementaux tels que le changement de mode de vie et d'alimentation. Mais, d'un autre côté, le taux d'obésité en milieu urbain de ces enfants est beaucoup plus élevé que dans nos sociétés industrialisées, ce qui suggère une plus grande sensibilité à l'environnement, d'origine génétique. Ces données semblent donc aller dans le sens d'une prédisposition génétique pouvant conduire au développement d'une obésité chez des enfants soumis à un environnement à risque.
Discrimination
Cette notion de prédisposition génétique se retrouve également dans les pays industrialisés. Aux Etats-Unis, par exemple, les enfants d'origine afro-américaine et hispanique sont plus touchés que les Blancs. Une hypothèse est que cette différence réside essentiellement dans l'appartenance de ces enfants à des milieux plus défavorisés. Ainsi, lorsqu'on observe l'incidence de l'obésité chez les enfants blancs américains, il apparaît clairement que celle-ci est plus importante dans les bas millieux socio-économiques. Mais est-ce le bas niveau socio-économique qui favorise l'obésité ou l'inverse ? Il semblerait en fait que ce soit la discrimination subie par les personnes obèses qui les maintienne dans un milieu social défavorisé. Cette hypothèse est renforcée par une étude prospective ayant montré que les adolescents obèses se marient moins, font des études moins longues et ont des revenus plus bas que les autres adolescents, toutes classes sociales confondues. La différence entre le taux d'obésité entre enfants noirs et hispaniques et enfants blancs, aux Etats-Unis, semble donc bien être due à une origine génétique.
Prédisposition constitutionnelle
En fait de prédisposition génétique, il faudrait mieux parler de prédisposition constitutionnelle. En effet, il existe des facteurs de risque précoces d'obésité. La recherche s'attache à mieux les identifier et les comprendre, mais certains sont d'ores et déjà bien connus. Il s'agit, par exemple, d'une malnutrition de la mère au cours de la grossesse, du tabagisme maternel, du diabète gestationnel chez la mère, de l'absence d'allaitement ou encore d'un apport excessif de protéines dans les premières années de la vie.
La notion de prédisposition permet d'envisager une prise en charge mieux ciblée. Plusieurs études ont montré que, malgré un traitement diététique, de 60 à 70 % des enfants obèses le restent à l'âge adulte. En attendant que la recherche aboutisse au développement de nouvelles molécules utilisables chez l'enfant, le meilleur traitement reste donc la prévention. Mais, là encore, la plupart des campagnes de prévention s'adressant à toute la population pédiatrique se sont révélées inefficaces et coûteuses.
La solution réside peut-être dans la mise en place d'une prévention centrée sur les enfants à risque : enfants ayant 1 ou 2 parents obèses et ceux ayant eu un rebond d'IMC précoce. L'efficacité de ce type de prévention reste cependant à évaluer. De même, les efforts doivent être poursuivis dans la recherche de facteurs de risque précoces afin de mieux cibler la prévention, tout en faisant attention à une éventuelle stigmatisation de ces enfants alors qu'il n'existe actuellement aucun traitement efficace à leur proposer.
2e Congrès mondial sur la prévention et le traitement de l'obésité 2007, Paris. D'après une intervention du Pr Patrick Tounian, pédiatre à hôpital Trousseau, Paris.
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