Décision Santé. En tant que vice-présidente de l’Association des directeurs d’hôpital (ADH) et directrice du centre hospitalier intercommunal Elbeuf-Louviers/Val-de-Reuil, vous regrettez la diminution des promotions de directeurs d’hôpital (DH). Pourquoi ?
Laurence Garo. La prochaine promotion formée à l’EHESP compte 40 élèves-directeurs d’hôpital. Il en faudrait 80 par an pour assurer un pilotage efficient des établissements de santé. L’enseignement dispensé à l’EHESP demeure de très bonne qualité et est reconnu sur le terrain. Bien sûr, des évolutions sont nécessaires, notamment en matière de management de projets et des équipes, compte tenu des recompositions hospitalières et des coopérations territoriales. Aujourd’hui, les élèves-directeurs sortant de l’EHESP disposent de toutes les compétences attendues par les chefs d’établissements et insufflent un dynamisme nécessaire aux importantes réformes structurelles en cours à l’hôpital public. Réduire de façon aussi drastique les effectifs risque non seulement de briser cet effet d’entraînement, mais aussi de nous priver des moyens de répondre aux fortes exigences et contraintes qui pèsent sur les dirigeants hospitaliers.
D. S. Pourquoi les effectifs ne pourraient-ils pas diminuer, alors que beaucoup d’établissements se regroupent ?
L. G. Pour certaines fonctions transversales, pourquoi pas. Mais il existe des postes stratégiques, comme celui de directeur des ressources humaines, qui ne peuvent pas être partagés sur plusieurs sites. Les établissements ont besoin d’avoir des référents bien identifiés sur place. Or, ces directeurs, dans certains modèles de CHT, sont constamment entre deux et ne savent plus véritablement à quel établissement ils appartiennent. Cela ne fonctionne pas, nous en avons la preuve aujourd’hui. Les regroupements hospitaliers mènent parfois à de très importants établissements, comparables par leur taille, leurs effectifs ou leur capacité financière à des CHU. Imaginerait-on un CHU géré uniquement avec l’appui de directeurs fonctionnels sans adjoints ? La collaboration de nos attachés d’administration cadres A, dont les compétences métiers et le niveau d’encadrement sont différents, ne résoudra pas le problème.
D. S. La fusion envisagée des corps de DH et de directeurs d’établissements sanitaires, sociaux et médico-sociaux (D3S) vous préoccupe-t-il également ?
L. G. En effet, cette forme de convergence statutaire est en discussion au ministère. Pour certains, la fusion serait de nature à pallier la diminution des effectifs de DH, mais il s’agit d’un effet mécanique qui ne tient pas compte des déterminants de gestion et de pilotage d’entités aussi complexes que les hôpitaux publics. L’ADH ne partage pas cette analyse. Nos formations et nos pratiques diffèrent. Il est donc logique que nos métiers et nos statuts ne soient pas superposables. Des passerelles existent déjà et sont utiles. Pour compléter, il serait plus opportun d’intégrer un quota annuel de D3S au corps de DH par le biais d’un troisième concours et d’une formation diplômante à l’EHESP.
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