Fréquents mais hétérogènes d’un patient à l’autre, les troubles neurovégétatifs qui accompagnent la maladie de Parkinson touchent surtout le système intestinal.
Les troubles neurovégétatifs de la maladie de Parkinson sont certes biens connus mais ils prennent une place de plus en plus importante depuis que la qualité de vie est devenue un paramètre primordial dans la prise en charge de la maladie. Le Dr Christine Brefel-Courbon (Pôle neurosciences, Toulouse) a souligné, lors des Journées de neurologie de langue française (Lille, avril 2009) l’importance du système nerveux végétatif : « Il permet de moduler, d’harmoniser la vie végétative des organes ». Si tous les systèmes sont atteints dans la maladie de Parkinson, le système digestif est sans nul doute l’un des plus touchés : « Trois symptômes digestifs sont extrêmement fréquents : 73 % des patients parkinsoniens ont une hypersialorrhée ( 7 % des sujets contrôles), 50 % une constipation (11 % des contrôles) et 38 % ont une dysphagie (9 % des contrôles) ».
Troubles digestifs
L’hypersialorrhée est présente chez 70 à 78 % des patients atteints de la maladie de Parkinson versus 6 % des sujets contrôles. Mais contrairement à ce que l’on croit parfois, elle n’est pas due à une formation excessive (il y aurait même une diminution de production de salive !) mais à une déglutition insuffisante. La gêne sociale est très importante et les traitements restent globalement décevants. Les atropiniques et les anticholinergiques sont proposés par voie locale ou per os mais ils brillent plus par leurs effets indésirables que par leur efficacité. Certains expérimentent les injections de toxine botuliques dans les glandes parotides et sous-mandibulaires. « Avec chaque fois une amélioration significative, remarque le Dr Brefel-Courbon, mais il n’y a que trois essais dans la littérature et avec peu de patients. On recommande aussi de mâcher du chewing-gum pour déglutir plus… ». La prévalence de la dysphagie est de 30 à 38% chez le parkinsonien versus 7 % chez les contrôles. Le temps médian de survenue de dysphagie est de 130 mois (dans une étude anapathologique ayant affirmé le diagnostic de maladie de Parkinson). « L’examen du transit oropharyngien montre qu’elle est pharyngée et/ou œsophagienne chez les trois quarts des patients. Elle est surtout très ennuyeuse en raison du risque d’inhalation et de pneumopathie », signale la chercheuse de l’Inserm. Quand au traitement, il est là aussi très décevant et l’on ose à peine signaler les tentatives d’injections de toxine botulique dans le muscle cricopharyngé (améliorations de 4 patients dans une études publiée en 2002).
La gastroparésie a une prévalence de 51 % (24 % chez les contrôles) dans la maladie de Parkinson. Elle est due à un temps de vidange gastrique extrêmement retardé : 59 minutes (voire même jusqu’à 4 heures !) versus 44 minutes chez les contrôles. « C’est d’autant plus problématique, ajoute le Dr Brefel-Courbon, que cela va entraîner un retard de vidange de la L-Dopa, donc d’absorption intestinale. De plus, elle sera plus longtemps en contact avec la décarboxylase et transformée en dopamine, d’où des réponses erratiques ». Les médicaments tel que la dompéridone, antagoniste dopaminergique qui accélère la vidange gastrique améliore les symptômes. « Mais là aussi, il n’y a qu’une seule étude de 1997 sur 11 atients parkinsonien qui ont été améliorés avec un suivi de 3 ans », déplore la spécialiste. La constipation concerne 30 à 60 % des parkinsoniens (10 à 30% des contrôles) mais ce sont 80% des malades qui ont un transit allongé : en moyenne 44 heures contre 20 heures chez les contrôles. Un suivi de cohorte longitudinal de 24 ans (Abbott et col, Neurology 2001) a même montré qu’un homme ayant moins d’une selle par jour avait un risque de développer une maladie de Parkinson multiplié par 2,7 par rapport à celui ayant 1 selle par jour (et multiplié par 4 par rapport à ceux ayant 2 selles par jour) ! Le traitement est celui de la constipation.
Enfin, les troubles de la défécation sont très fréquents (sensation de défécation incomplète, sensation de plénitude rectale, nécessité d’importants efforts de poussée) : 72 % des parkinsoniens versus 35 % des contrôles, et l’on retrouve une contraction anormale des muscles puborectaux chez un tiers d’entre eux. Les médicaments dopaminergiques peuvent être efficaces et l’on étudie l’intérêt des injections de toxine botulique dans le muscle puborectalis.