LA DEFINITION de la mort subite du nourrisson est le décès brutal, inattendu, d'un nourrisson âgé de moins de 1 an, apparemment en bonne santé, pendant son sommeil. Connue depuis très longtemps, la MSN est répertoriée par l'Inserm depuis 1970. Des centres de référence ont été mis en place dans les régions en 1986. Chargés de recenser les MSN, d'effectuer des bilans complets (cliniques, biologiques, génétiques, radiologiques...), les autopsies, ils assurent la prise en charge psychologique des parents et le suivi à long terme, notamment lors de la grossesse suivante, qui réveille les inquiétudes. Ils jouent un rôle informatif et préventif. Date clé : 1990. Le rôle des conditions de couchages, notamment la nocivité du couchage ventral du bébé, est mis en évidence. La campagne « Je dors sur le dos » fait baisser de façon spectaculaire, 75 % en moins de 1 an, le nombre des MSN (350 décès au lieu de 1 500). Mais, depuis le nombre de 350 MSN par an reste stable. Il pourrait encore être abaissé si l'on sensibilise les jeunes parents.
La mort subite du nourrisson est le fait « d'un accident multifactoriel », le terme accident soulignant le caractère aléatoire du drame. Le « pic » de la mortalité se situe entre 2 et 3 mois. Les garçons sont plus touchés que les filles (deux tiers, un tiers) et la période hivernale est la plus redoutable, certainement par la conjonction de facteurs favorisants et de virus.
La MSN implique la présence de plusieurs facteurs périnataux favorisants de nature très variée. Parmi ces facteurs, on peut citer l'hypotrophie, une altération de la maturation du contrôle des fonctions vitales (respiratoire, cardiaque, fonctions neurovégétatives, immunité...) très variable selon les sujets et la prématurité. Facteurs auxquels des causes déclenchantes appartenant au domaine habituel des pathologies de cette tranche d'âge peuvent s'ajouter (infections, hyperthermies, pathologies cardiaques, RGO, épilepsie, maladies métaboliques). D'autres facteurs favorisants liés à l'environnement du bébé ont été identifiés : les mauvaises conditions de couchage (sur le ventre ou de côté, la présence de couvertures, oreillers, doudous, peluches volumineuses, matelas non adaptés au lit), température ambiante élevée, co-sleeping (entre les parents), tabagisme passif, automédication (de plus en plus rare).
Conseils de base.
Pour abaisser encore le nombre des décès par MSN, l'action doit être orientée vers les derniers facteurs cités, les facteurs environnementaux, tels le tabagisme pendant la grossesse et après, l'hyperthermie, les risques de suffocation induits par la literie. Tous les conseils de base doivent être rappelés : une literie « de sécurité », sans oreiller, sans couverture, avec un matelas adapté jamais « bricolé », une température de la chambre de 18 à 20°, l'interdiction du co-sleeping et enfin faire dormir l'enfant sur le dos. Quarante pour cent des bébés frappés l'an dernier par MSN en région Midi-Pyrénées dormaient en position ventrale.
« Pour les autres facteurs, souligne le Dr Anne-France Bongrand, les moyens d'action sont faibles et les pistes de recherches restent immenses (recherche sur la sensibilité accrue de ces bébés aux infections, recherches génétiques, sur la maturation du système nerveux). »
Entretiens de Bichat : conférence du Comité national de l'enfance, avec le Dr Jean Lavaud, président du Comité national de l'enfance, le Dr A.-F. Bongrand, (pédiatre, centre référence MSN de Montpellier), Myriam Morinay (association Naître et vivre), Marie-Antoinette Bouguin (psychologue), le Dr E. Briand-Huchet (pédiatre, centre de référence de Clamart).
Une association pour aider les familles
Créée voicivingt-cinq ans et reconnue d'utilité publique, l'association nationale Naître et vivre a dix délégations et antennes sur le territoire français. La délégation d'Ile-de-France compte de 500 à 700 membres (cotisation : 15 euros par an). Naître et vivre travaille avec des professionnels de la petite enfance (pédiatres, psychologues, puéricultrices...). Elle propose des rencontres à thème, des rencontres individuelles, des groupes de soutien et d'entraide « pour des parents endeuillés souvent jeunes avec parfois peu d'années de vie commune, souvent en création d'une famille, en démarrage de vie professionnelle », un accueil téléphonique 24 heures sur 24 (01.47.23.98.22) et un site Internet www.naitre-et-vivre.asso.fr.
L'association permet aux parents endeuillés de « trouver un réconfort auprès d'autres parents, d'arriver progressivement à casser les sentiments d'impuissance, de solitude, voire de culpabilité qui les envahissent ». Elle joue également un rôle important dans la prévention de la MSN (brochures, livres...).
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