AFFECTION FREQUENTE et grave, l'accident vasculaire cérébral (AVC) peut voir sa fréquence diminuer par une prévention primaire, reposant en priorité sur l'hypertension artérielle, premier facteur de risque modifiable. En l'absence de tout traitement antihypertenseur, c'est de 120 000 à 170 000 AVC qui surviendraient en 5,5 ans chez ces patients ayant les mêmes caractéristiques que ceux de l'étude Life. Sur la base des critères d'inclusion de l'étude Life, il est donc apparu intéressant d'évaluer dans la population française le nombre de patients hypertendus qui pourraient bénéficier de la protection apportée par le losartan, et de chiffrer l'impact préventif que représenterait ce choix thérapeutique.
Réalisée sur 9 193 patients hypertendus avec HVG, l'étude Life (Dahlof et coll., « Lancet », mars 2002) a démontré qu'un traitement antihypertenseur à base de losartan permet une réduction supplémentaire de 25 % du risque relatif de survenue d'un accident vasculaire cérébral comparativement à un traitement à base d'aténolol, considéré comme une référence, le plus souvent associé à un diurétique thiazidique. La démonstration d'un progrès supplémentaire dans la prévention de l'AVC est ainsi faite dans l'étude Life, car les traitements antihypertenseurs classiques avaient jusqu'alors démontré une réduction de 25 à 47 % par rapport à un placebo.
Des patients de 55 à 80 ans.
Dans cette étude, les patients âgés de 55 à 80 ans avaient une pression artérielle comprise entre 160 et 200 mmHg pour la systolique et/ou entre 95 et 115 mmHg pour la diastolique, une hypertrophie ventriculaire gauche diagnostiquée à l'électrocardiogramme, sans insuffisance cardiaque ni angor.
L'évaluation de la réduction du nombre d'AVC en France, sur la base de Life, a été effectuée par le Pr Robert Launois avec la collaboration du Pr Daniel Herpin. Le nombre de patients hypertendus, traités ou non, a été estimé à partir des données Insee de la population française, des données de l'étude Monica extrapolée à la tranche d'âge de 65 à 80 ans et des résultats de l'étude Flashs. Le nombre de patients cumulant une insuffisance cardiaque ou un angor a été estimé à partir des données de l'observatoire des prescriptions Thales chez les cardiologues de ville et a été déduit. La fréquence de l'hypertrophie ventriculaire gauche ainsi que le taux de survenue d'AVC dans cette population ont été fournis par l'étude Life.
HTA et HVG.
Cette estimation a permis de constater que un Français sur deux (6,7 millions sur 13 millions) était hypertendu dans la tranche d'âge 55-80 ans. Parmi eux, 117 000 et 271 000 cumulent une insuffisance cardiaque et un angor respectivement. Sachant que la proportion d'hypertendus qui ont une hypertrophie ventriculaire gauche est d'environ 22 %, c'est au total un peu moins de 1,4 million de patients qui en France correspondent aux caractéristiques de l'étude Life, et qui pourraient bénéficier de l'effet protecteur du losartan. Actuellement, parmi ces patients, 68 000 sont déjà traités par le losartan, 82 000 par l'aténolol, 950 000 par un autre traitement, et un peu moins de 300 000 échappent à tout traitement antihypertenseur.
En l'absence de tout traitement antihypertenseur, c'est 120 000 à 170 000 AVC qui surviendraient en 5,5 ans chez ces patients ayant les mêmes caractéristiques que ceux de l'étude Life. Un traitement antihypertenseur à base d'aténolol permettrait de réduire ce nombre à 90 000. Si les hypertendus bénéficiaient d'un traitement à base de losartan à la place du bêtabloquant, le nombre d'AVC serait de 68 000. Ainsi, le losartan permet une réduction de 25 % par rapport à l'aténolol, et d'environ 50 % par rapport à une situation d'abstention thérapeutique.
D'après les communications des Prs D. Herpin (service de cardiologie, CHU de Poitiers) et R. Launois (Rees France, Réseau d'évaluation en économie de la santé) lors d'un point presse organisé par MSD à l'occasion de la 14e Réunion de la Société européenne d'hypertension (ESH), qui s'est déroulée à Paris.
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