Recrutement d'infirmières espagnoles : les cliniques montrent l'exemple

Publié le 02/09/2001
Article réservé aux abonnés

P ARMI les mesures envisagées par certains pour faire face à la pénurie actuelle d'infirmières figure en bonne place le recrutement d'infirmières espagnoles.

De l'autre côté des Pyrénées, en effet, 40 000 diplômées sont au chômage ou en contrat à durée déterminée.
Une manne dans laquelle la France commence à puiser, suivant l'exemple de la Grande-Bretagne et du Portugal qui l'ont précédée dans cette voie. Les réactions ne sont pas forcément enthousiastes, comme le montre celle de la Coordination nationale infirmière : « Des problèmes existent dans les services du fait du nombre croissant de médecins étrangers, qui ne connaissent pas assez bien la langue, le vocabulaire médical et les médicaments français. Nous ne voulons pas reproduire cette situation avec les infirmières », déclare François Izard, son président.
Pourtant, les cliniques, pour lesquelles il est vital de remplir leurs postes vacants d'infirmières, sont de plus en plus nombreuses à se tourner vers la solution espagnole. Afin de répondre à leur demande, le Dr Talazac a créé le 19 juillet dernier l'Institut européen de la santé. Cette association est située à Lavaur, à 30 kilomètres de Toulouse, « une ville choisie pour des raisons sentimentales, explique-t-il, car elle disposait d'une école d'infirmières, jusqu'à sa fermeture décidée à tort il y a cinq ou six ans ». Une cellule de recrutement installée à Madrid cherche et accueille les candidates à l'installation en France. Après une série de tests, celles qui sont acceptées peuvent choisir leur poste dans la liste qui leur est soumise. « Actuellement, nous disposons d'une liste de 500 postes émanant d'environ 200 cliniques », souligne le Dr Talazac, tout en rappelant que l'hospitalisation privée a besoin au total de 6 000 infirmières.
Les établissements demandeurs précisent les conditions d'embauche et se chargent généralement de trouver le logement. Les infirmières qui acceptent signent un contrat à durée indéterminée avant même de venir en France. Une première promotion de 12 signataires a séjourné trois semaines à Lavaur, pour y suivre une formation intensive au français et aux termes techniques médicaux, financée par les établissements demandeurs. A une exception près, toutes ont rejoint des cliniques de la région parisienne.
Le Dr André Talazac souligne le bon niveau de la formation espagnole, qui dispose de toute façon d'une équivalence européenne.
La direction de la polyclinique de La Ligne bleue, à Epinal, qui s'est lancée toute seule dans le recrutement d'infirmières hispaniques (« le Quotidien » du 6 juin 2001), dresse un bilan positif de l'opération. Sur 22 embauches, 4 Espagnoles ont très vite démissionné, dont une seule en raison de difficultés d'intégration. La plupart des nouvelles venues manient maintenant le français avec facilité et font preuve d'un niveau professionnel jugé «  tout à fait satisfaisant ».

Sabine de JACQUELOT

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6958