Depuis le décret du 10 juin 1986, le botulisme fait l'objet d'une déclaration obligatoire (DO) individualisée de celle des autres toxi-infections alimentaires collectives (TIAC). Le diagnostic biologique (mise en évidence de la toxine botulique dans l'aliment consommé ou dans le sérum, les vomissements, le liquide gastrique des patients et isolement du Clostridium botulinum dans les selles) est confié, depuis 1998, au CNR (Centre national de référence des bactéries anaérobies et du botulisme).
La gravité potentielle de l'affection explique cette surveillance particulière : l'inhibition par les toxines de la libération d'acétylcholine au niveau des jonctions neurologiques est à l'origine de paralysies des muscles périphériques et respiratoires qui peuvent nécessiter une assistance respiratoire.
En dépit d'un nombre de décès très rares, la France, « avec une moyenne de trente cas recensés chaque année, est, après l'Italie, au 2e rang des pays européens en termes d'incidence du botulisme ».
Les dernières données 2001-2002 publiées par l'InVS (Institut de veille sanitaire)* confirme la recrudescence observée depuis 1997. Les régions rurales du centre de la France sont les plus touchées, notamment le département de Saône-et-Loire. Sur les 35 foyers et 62 malades recensés (18 pour 29 cas en 2001 et 17 pour 33 cas en 2002), 6 (12 cas) l'ont été dans ce département. Les incidences les plus élevées sont observées dans la Vienne, la Saône-et-Loire et la Haute-Marne, avec respectivement 11,3/10 puissance6, 11/10 puissance6 et 10,3/1 puissance6, pour une moyenne nationale de 0,5 cas par million d'habitants.
Seuls 8 foyers ont correspondu à des TIAC, impliquant au moins 2 malades, les autres (77 %) sont des cas isolés. Les deux foyers les plus importants (6 et 7 cas) sont survenus à l'occasion de repas familiaux.
Conserves et salaisons
Tous les foyers ont d'ailleurs une origine alimentaire. Les aliments impliqués - de production familiale dans 90 % des foyers - les plus fréquemment rencontrés ont été les salaisons (jambon) ou produits de charcuterie (69 %) et les conserves de légumes (24 %). Les produits de la mer (poisson et crustacé) et autres aliments (confiture de châtaignes faite maison) sont plus rares (1 foyer chacun).
Cela suggère, notamment dans le département de la Saône-et-Loire, « la persistance de mauvaises pratiques dans la préparation familiale de ce type d'aliment. Etant donné la gravité potentielle de cette affection, il serait nécessaire que des enquêtes vétérinaires complémentaires permettent d'identifier précisément la nature des pratiques à risque et que des mesures adaptées soient prises localement », indiquent les auteurs de l'étude**.
Une hospitalisation a été nécessaire dans 94 % des 62 cas enregistrés. Aucun décès n'a été rapporté. Ont été le plus souvent observés : des troubles visuels (92 %, une sécheresse de la bouche (50 %), une constipation inhabituelle (36 %), des troubles de la déglutition (81 %), des atteintes motrices périphériques et paralysies respiratoires (11 %). Sept cas ont nécessité une assistance respiratoire.
Le délai médian entre l'apparition des symptômes et le signalement est de douze jours (de 0 à 35 j). Seuls 40 % des foyers ont été déclarés dans la semaine suivant le début de la maladie. Ce délai « doit impérativement être réduit afin de faciliter les investigations épidémiologiques et vétérinaires et la mise en œuvre de mesures de contrôle et de prévention ».
*« Bulletin épidémiologique hebdomadaire », n° 29/2003.
** Sylvie Haeghebaert, Jean-Philippe Carlier, Michel Popoff.
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