EN 2007 ET 2008, une augmentation des cas de tularémie a été observée en France*, alors que leur nombre était stable autour de 20. Ainsi, en 2007, le nombre de cas déclarés de tularémie a été de 47, alors qu'il était stable depuis 2002 : 20 en 2003, 21 en 2004, 23 en 2005 et 24 cas en 2006. Cette augmentation s'est répétée lors du 1er semestre 2008. En effet, du 1er janvier au 30 juin 2008, 72 cas de tularémie ont été déclarés aux directions départementales des affaires sanitaires et sociales (DDASS) et transmis à l'InVS : 12 étaient liés à deux épisodes de cas groupés dont un concernant 5 personnes contaminées lors d'une randonnée en Espagne ; 60 étaient des cas sporadiques concernant 72 % d'hommes et 28 % de femmes, âgés de 15 à 94 ans, résidant dans 28 départements français et un pays frontalier. Une augmentation qui n'est toujours pas expliquée à ce jour.
En manipulant des animaux infectés.
La tularémie a été une maladie à déclaration obligatoire jusqu'en 1986. Elle l'est redevenue en 2002, du fait du risque d'utilisation de la bactérie responsable, Francisella tularensis, comme agent du bioterrorisme. Il s'agit d'un petit coccobacille à Gram négatif aérobie immobile qui pénètre dans l'organisme par inoculation. Il en existe deux sérotypes principaux : le type A, très virulent, est présent en Amérique du Nord, et le type B, moins virulent, en Europe. La tularémie est une zoonose dont le réservoir naturel est constitué par des lagomorphes (lièvres), des rongeurs sauvages (campagnols, mulots, écureuils…), ainsi que des tiques et des taons. La transmission de la maladie se fait le plus souvent par contact direct en manipulant des animaux infectés (par exemple, lors du dépeçage d'un lièvre tué à la chasse), plus rarement indirectement par l'intermédiaire d'un insecte vecteur comme la tique. Deux pics annuels caractérisent la période de contamination : l'un hivernal (chasse au lièvre) et l'autre printanier (tiques). Cependant, d'autres voies de transmission sont possibles : inhalation de bactéries aérosolisées dans la poussière ou les végétaux , contamination conjonctivale ou nasale par des poussières. C'est une maladie inscrite au tableau des maladies professionnelles (gardes-chasse, vétérinaires, personnel de laboratoire…). Il n'existe pas de contamination interhumaine directe.
Au premier semestre 2008, la majorité des contaminations a été due à une manipulation de gibier : lièvre (29 patients), lapins (7), sangliers (6), autres animaux (16), tiques (4). À noter qu'aucune contamination n'a été liée à un acte de malveillance.
Un syndrome pseudo-grippal.
Après une incubation silencieuse variant entre 3 et 5 jours, la maladie se manifeste cliniquement par un syndrome infectieux aigu non spécifique associant une fièvre élevée, des frissons, des céphalées, une asthénie. À la phase d'état, plusieurs formes cliniques peuvent se voir. La forme typique est ulcéro-ganglionnaire : elle associe une lésion cutanée ulcérée et une adénopathie de type nécrotique. D'autres formes peuvent se rencontrer : ganglionnaire pure, oculo-ganglionnaire, pharyngée, pulmonaire. En l'absence de traitement, la maladie dure entre 3 et 5 semaines, évoluant vers des complications : fistulisation, septicémie.
Au premier semestre 2008, les formes cliniques étaient : ganglionnaires (55 %), ulcéro-ganglionnaires (23 %), pleuro-pulmonaires et typhoïdiques (6 %), oro-pharyngées (3 %), méningo-encéphalitiques (3 %).
Dans la région Poitou-Charentes, le nombre de cas déclarés de tularémie a été de 13 au 1er semestre 2008. Entre 2003 et 2007, le nombre total de cas déclarés a été de 24.
La maladie s'est manifestée principalement sous une forme clinique fébrile pure : fièvre isolée prolongée, sans adénopathie.
La transmission par contact direct avec un lièvre, un rongeur contaminé ou une morsure de tique n'a pas été systématiquement retrouvée.
La mise en évidence de la bactérie est difficile. La confirmation biologique du diagnostic repose sur la sérologie (présence d'anticorps dirigés contre Francisella seulement à la fin de la deuxième semaine pour atteindre un pic vers 6 semaines) ou par amplification génique (PCR). Par conséquent, en cas de sérologie précoce négative, il ne faut ne pas éliminer le diagnostic.
Au 1er semestre 2008, le diagnostic a été porté principalement sur les résultats de la sérologie (73 %), mais également sur ceux obtenus par amplification génique (20 %) et isolement du germe (6 %).
Le traitement repose sur l'administration de ciprofloxacine ou doxycycline pour une durée de 2 semaines. Enfin, l'infection confère une immunité durable.
D'après un entretien avec le Pr France Roblot, CHU Poitiers. * Source : données épidémiologiques de l'institut de veille sanitaire (InVS), premier semestre 2008.
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