De loin, la pratique relèverait de l'échange tel qu’il se pratique dans les cours de récréations, trois cartes de pokémon contre un sachet de dragibus. De près, les mouvements en cours transforment en profondeur une industrie pharmaceutique qui doit s’inventer un nouvel avenir. En témoigne la signature d’un accord entre le Suisse Novartis et le Britannique GlaxoSmithkline (GSK). Fort de ses positions en oncohématologie, le découvreur du Glivec acquiert pour 16 milliards de dollars la division oncologie de GSK. Dans le même temps, il lui cède ses vaccins acquis pourtant récemment pour plus de 7 milliards de dollars. Et pour mieux sceller cette alliance stratégique, les deux laboratoires créent en commun une co-entreprise commune dans les médicaments vendus sans ordonnance. Par gros temps, on réduit la voilure. Le géant suisse abandonne au passage l’idée d’être présent sur tous les secteurs du marché du médicament. Il vend à l’Américain Lilly sa division animale pour 5,5 milliards de dollars. Pour autant, il se renforce dans le domaine de la cancérologie là où il détient déjà une position forte. Même analyse pour le laboratoire anglais qui augmente sa part de marché dans le secteur des vaccins. La concurrence sera encore plus frontale avec le Français Sanofi, leader sur ce marché grâce à la co-entreprise créée avec l’Américain Merck.
A cette stratégie du meccano où l’on assemble pièce après pièce un nouveau dispositif plus fluide dans les rouages, et plus puissant en termes de production, Pfizer affiche toujours pour modèle, big is beautiful. Après Wyeth en 2009, le premier laboratoire américain envisagerait une nouvelle OPA sur le numéro 2 du secteur au Royaume-Uni, AstraZeneca.
Alors que la perte de brevets, l’essor des biotechs qui brillent sur le marché boursier conduit les big pharma à se renouveler en permanence, les deux principales success story françaises viennent de perdre en quelques mois leurs fondateurs, Pierre Fabre puis Jacques Servier. Une nouvelle ère s’ouvre. L’industrie pharmaceutique française devra à son tour se lancer dans ces grandes manœuvres de recomposition et d’adaptation permanente pour avoir encore droit de cité. Il y a urgence. Le marché serait paraît-il encore plus cruel que les cours de récréation…
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