L'Europe, qui n'échappe pas à « l'épidémie de diabète », est confrontée aujourd'hui à une progression croissante de la maladie : il y a actuellement environ 22,5 millions de diabétiques de type 2 (soit 5 % de la population adulte) et selon les estimations, ils seront six à huit millions de plus en 2025.
Le diabète de type 2 est une maladie métabolique chronique, évolutive dans le temps et lourde de conséquences par ses complications : il constitue la principale cause d'insuffisance rénale chronique, d'admission à des programmes de dialyse et transplantation rénale, ainsi que la principale cause de cécité par rétinopathie ; il entraîne un risque de 10 à 12 % d'amputations des membres inférieurs, et ses complications macrovasculaires en font un facteur majeur de cardiopathie ischémique, d'accident vasculaire cérébral et/ou d'artériopathie périphérique. Les diabétiques de type 2 meurent 5 à 10 ans plus tôt que les non-diabétiques, et huit sur dix succombent à une maladie cardio-vasculaire.
Or, 50 % des diabétiques de type 2 ont déjà des complications au moment du diagnostic de leur maladie, expliquant en grande partie la morbidité considérable de cette affection, souligne le Pr George Alberti, président de la Fédération internationale du diabète, lors de son sommet le 31 mai dernier.
Résistance à l'insuline et insuffisance relative de sécrétion
Le diabète de type 2 se caractérise par une résistance à l'insuline et une insuffisance relative de sécrétion d'insuline. Mais en fait, la glycémie reste normale tant que la cellule ß pancréatique est capable de faire face aux besoins accrus en insuline. Le dysfonctionnement progressif des cellules ß entraîne une intolérance au glucose, considérée comme le premier stade de développement du diabète de type 2 mais aussi comme un facteur de risque cardio-vasculaire.
Le diagnostic d'intolérance au glucose repose sur deux critères :
- une glycémie à jeun < 7 mmol/l ou légèrement plus élevée, mais toujours inférieure au seuil définissant le diabète ;
- une glycémie deux heures après l'absorption de 75 g de glucose comprise entre 7,8 et 11,1 mmol/l.
Des travaux récents suggèrent que la glycémie après ingestion de glucose est un meilleur indicateur du risque de mortalité cardio-vasculaire que la glycémie à jeun.
L'étude DECODE (Diabetes Epidemiology : Collaborative analysis Of Diagnostic criteria in Europe), qui a permis d'analyser les données de 13 études prospectives (25 000 sujets), montre également qu'un taux élevé de glycémie après ingestion de glucose est un facteur de risque indépendant de mort précoce, mais aussi que les sujets avec une intolérance au glucose ont un risque plus élevé (50 %) de mourir pendant la période de suivi que les sujets avec une tolérance au glucose normale.
3,6 à 8,7 % des patients développeront un diabète
Si chez certains sujets l'intolérance au glucose n'est que passagère, chez d'autres elle persiste sans évoluer, mais le plus souvent le dysfonctionnement des cellules bêta s'aggrave, entraînant finalement un diabète de type 2 : selon des études prospectives, 3,6 à 8,7 % des patients développeront un diabète de type 2 chaque année, avec un risque accru de complications micro et macrovasculaires.
Pour le Pr George Alberti, « la prévention et la détection précoce du diabète de type 2 doivent maintenant être des priorités, et il est temps de dépister et de prendre en charge les sujets à risque, notamment les sujets qui ont une intolérance au glucose avec des glycémies postprandiales élevées, une obésité (notamment une obésité centrale) et qui sont sédentaires ».
Une activité physique régulière, une perte de poids chez les sujets obèses, un régime alimentaire adapté sont des mesures d'hygiène de vie qui, si elles sont strictement appliquées, permettent de réduire l'insulino-résistance et la quantité d'insuline que les cellules doivent produire et ainsi d'éviter le développement d'un diabète de type 2.
De vastes essais sont actuellement en cours de réalisation pour étudier si, chez des patients avec une intolérance au glucose, des traitements médicamenteux peuvent prévenir le développement d'un diabète de type 2 et la survenue de complications cardio-vasculaires.
Premier sommet de la Fédération internationale du diabète, 31 mai 2001, Montreux (Suisse);
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