Mycobacterium marinum est une mycobactérie atypique responsable d'infections chez les animaux aquatiques. Il n'y a pas de contamination interhumaine et les infections cutanées surviennent chez l'homme uniquement après contact avec de l'eau de mer ou de l'eau douce. Aujourd'hui, ces infections sont surtout liées à l'aquariophilie, en raison de la chloration adéquate des eaux de piscine. Le « granulome des aquariums » a remplacé le « granulome des piscines ».
Jusqu'ici, les études d'incidence concernaient les Etats-Unis. L'enquête que publie le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (n° 44/2003) a été menée par le Centre national pour la surveillance des infections à mycobactéries et leur résistance aux antituberculeux, afin d'estimer leur incidence en France et de recueillir des données sur les thérapeutiques utilisées (antibiothérapie ou chirurgie), qui ne font l'objet d'aucune standardisation.
Sur les 66 cas inclus entre 1996 et 1998, seuls les 63 cas documentés qui concernaient 37 hommes et 26 femmes d'une moyenne d'âge de 45 ans ont été retenus pour l'analyse. L'incidence, estimée à partir des données recueillies par les 25 laboratoires de l'enquête, est de 0,09 cas pour 100 000 habitants.
Les caractéristiques cliniques sont conformes à celles qu'on attendait : une lésion principale localisée dans 95 % des cas (n = 60) au membre supérieur, surtout au niveau de la main, et rarement aux membres inférieurs, débutant après seize jours d'incubation en moyenne ; des lésions nodulaires (67 % des cas) le plus souvent strictement cutanées (45 cas), avec une présentation sporotrichoïde dans 39 % des cas ; une extension extracutanée (tendons, gaines synoviales, articulations) a été observée dans 29 % des cas, plus fréquemment chez les femmes que chez les hommes.
Une exposition aux poissons ou assimilés a été retrouvée dans 92 % des cas, dont 84 % liés à l'aquariophilie. Les autres cas sont liés à une blessure causée par un poisson ou des huîtres (5 cas dont 3 professionnels) ou la fréquentation d'une piscine (1 cas), aucun facteur d'exposition n'a pu être identifié dans 4 cas. Des recommandations simples devront être diffusées aux aquariophiles et aux professionnels de la mer : port de gants lors de la manipulation des aquariums et des poissons, antisepsie en cas de lésions ou de blessures.
Antibiothérapie non standardisée
L'étude n'a pas permis de conclure quant à la supériorité d'un traitement. En effet, tous les patients ont reçu une antibiothérapie d'une durée moyenne de 3 moiset demi et la moitié a subi une intervention chirurgicale. La majorité ont guéri (87 %). Cependant, « les traitements antibiotiques ont été très variés en termes de molécule, d'association, de posologie, de durée, ce qui illustre bien l'absence de standardisation thérapeutique dans ces infections ». Les antibiotiques les plus prescrits - minocycline, clarithromycine et rifampicine - sont conformes aux données bactériologiques qui ont montré la sensibilité in vitro de toutes les souches à ce type d'antibiotiques. « L'analyse des échecs, peu nombreux (8), et le fait que la majorité des patients a guéri, ne permettent pas de mettre en évidence de supériorité de traitement, de définir une durée optimale de traitement ou de juger du bénéfice apporté par la chirurgie. » Aucune souche n'ayant présenté un profil de résistance anormal, le test de sensibilité n'est pas recommandé en pratique, sauf, bien sûr, en cas d'échec thérapeutique.
Des études ultérieures sont nécessaires pour standardiser les traitements.
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