C'EST AU VU des résultats d'une enquête d'opinion réalisée l'an dernier sur l'assurance-maladie par l'Assemblée nationale, enquête qui témoignait à la fois de l'attachement des Français à leur système de santé et de leurs interrogations quant à son avenir, que le Pr Jean-Michel Dubernard, député (UMP) du Rhône et président de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée, s'est lancé dans la rédaction de « Sauvons la Sécu ! » (1).
Avec l'aide de deux complices - le Dr Pierre-Jean Cousteix, directeur adjoint délégué général pour les affaires médicales et scientifiques de la Caisse nationale d'assurance-maladie, et Robert Toubon, directeur de la stratégie d'Equilibre et Population et ancien rédacteur en chef du « Quotidien » -, le Pr Dubernard s'emploie donc à ausculter un système de soins mal en point et à tracer des pistes qui permettraient, selon lui, de lui faire recouvrer la santé. A quelques mois de la réforme de l'assurance-maladie, il le fait avec des mots simples, sans forfanterie, sur le mode de la conversation - parfois de la controverse, les trois auteurs et amis n'étant pas toujours d'accord sur tout -, en épluchant tous les sujets qui fâchent (depuis l'insuffisante prévention jusqu'aux faiblesses de la permanence des soins en passant par les 35 heures à l'hôpital ou la révision de la couverture des risques...). Au fil des quelque 300 pages de « Sauvons la Sécu ! », Jean-Michel Dubernard, dont la rumeur dit qu'il fait partie de ceux qui pourraient remplacer Jean-François Mattei lors d'un futur remaniement, n'oublie jamais son camp politique. Les réformes lancées par l'actuel ministre de la Santé et de l'Assurance-maladie - via la loi de santé publique, le programme « vieillissement et solidarité », ou encore Hôpital 2007 - sont saluées comme de bonnes réformes. Pas politicien pour autant, le Pr Dubernard ne voue pas aux gémonies tout ce que des gouvernements d'autres bords ont pu faire dans le champ de la santé : il rappelle avoir voté la réforme hospitalière menée par Claude Evin en 1991 ; il affirme que, « au risque de surprendre (il est lui) aussi favorable aux 35 heures à l'hôpital » (avant d'ajouter « mais pas partout, pas de façon homogène »).
Un homme du sérail.
Moins encore que son étiquette, Jean-Michel Dubernard oublie qu'il est un homme du sérail médical. Un médecin. Les bons et les mauvais côtés du système de soins, il les connaît de près et il les raconte sans fards. Par exemple, à Robert Toubon, qui s'interroge sur la ligne qui sépare ceux qui savent s'orienter dans le système et ceux qui ne le savent pas, le Pr Dubernard répond : « La demande de recommandation est un phénomène important. Je fais au moins dix interventions par semaine auprès de confrères pour leur recommander des amis, des connaissances, des habitants de ma circonscription ou des patients fréquentant ma consultation à l'hôpital. Ces gens-là sont inquiets et ne souhaitent pas laisser le hasard guider leurs démarches, ils ont perdu confiance, ils veulent un deuxième avis. »
Troisième facette du personnage : celle du fin connaisseur du fonctionnement « technique » de l'assurance-maladie, qui, alliée à ses talents de chirurgien, lui permet d'imaginer le moyen de réparer « la tuyauterie » d'un système mal en point. Avec une philosophie ( « tendre vers (...) un égal accès à des soins de qualité égale »). Et avec une ambition : « Mon credo, explique-t-il, est de moderniser l'assurance-maladie et le système de santé en les adaptant par une multitude d'ajustements. Retroussons nos manches et analysons en détail tous les dysfonctionnements du système. » Utilisant l'image de la « microchirurgie », Jean-François Dubernard insiste : « Une action à court et moyen terme, tenace et structurée, devrait (...) permettre de dépenser moins ou plus, mais toujours mieux. »
(1) Jean-Michel Dubernard, Pierre-Jean Cousteix, Robert Toubon, « Sauvons la Sécu ! », Bourin Editeur, 2004.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature