UN GRAND RIDEAU de velours rouge, qui donne un effet de velours frappé dans les lumières, ferme la totalité du fond de la petite scène et recouvre un étroit rebord. À cour, un piano, puis un violoncelle (Anne Causse), un accordéon (Jean-Claude Laudat), un violon (Frédéric Dessus). Les musiciens pénètrent les premiers. Pascal Sangla, au piano, assure l’excellente direction artistique et suit les chanteurs, les soutient. L’art superbe de cette petite formation n’est pas pour rien dans le bonheur que l’on prend à ce moment exquis.
Chacun connaît Philippe Meyer, producteur à la radio d’excellentes émissions consacrées à la belle chanson française (samedi midi sur « France Inter »). Lui-même se produit parfois, consacrant ses spectacles à son autre passion, Paris. Il a proposé aux Comédiens-Français, excellents chanteurs pour la plupart, des émissions spéciales (un disque vient de paraître) et ce « Cabaret décousu », joué par dix comédiens selon la géométrie de l’alternance. Ils étaient sept le jour où nous avons dégusté cette suite de chansons données avec simplicité en un mouvement où compte d’abord l’interprétation. Derrière un micro central ou s’aventurant vers le piano, les acteurs se succèdent avec un effet de groupe qui sera bissé à la fin. Entre chaque chanson, « off », Philippe Meyer dit quelques mots, citant les écrivains qu’il aime, Apollinaire, Sainte Beuve, Balzac, Maupassant entre autres. On connaît sa voix et sa façon particulière d’introduire les uvres. Il ne surgit qu’à la fin, quelques notes et on salue !
C’est très bien équilibré. Chacun, chacune a ses chansons. Il y a ceux qui sont de véritables « pro » : Véronique Vella (qui d’ailleurs dirige une classe au Conservatoire) est exceptionnelle. Elle est bouleversante dans l’émotion (« La Vie d’artiste »), épatante dans l’allégresse (« Ah ! Les p’tites femmes de Paris », en partage avec Elsa Lepoivre). Thierry Hancisse, lui aussi, possède une aisance parfaite, beaucoup de liberté (« Oscar et Irma », « Les Petits pavés »). Il est formidable.
Mais leurs camarades sont excellents et de ce point de vue Julie Sicard (qui joue également dans le spectacle qui précède, « Vivant », d’Annie Zadek avec Hervé Pierre, qui vient de recevoir le prix du meilleur comédien du Syndicat de la critique), est une révélation. Rousse, petite (elle attend un enfant pour très bientôt), elle possède un très joli timbre et beaucoup de piquant. Elsa Lepoivre, grande avec beaucoup d’abattage, est aussi très douée. Elle est dans l’humour souvent , très fine et personnelle dans tous les registres. Laurent Natrella, grand caractère, est très nuancé et ses apparitions sont chacune différente. Autres superbes personnalités, Serge Bagdassarian qui joue actuellement le Père Ubu. Il est formidable et ultrasensible. Enfin, l’un des petits derniers (il est dans la troupe depuis un an et demi) est merveilleux, avec sa belle voix de ténor et sa manière si particulière de dire, son timbre unique : c’est Adrien Gamba-Gontard.
Formidable. Ne ratez pas ces dernières représentations. Une merveilleuse façon de dire au revoir à la saison avant les festivals !
Studio-Théâtre de la Comédie-Française, à 20h30 du mercredi au dimanche, jusqu’au 28 juin. Durée : 1 h 30 sans entracte. Un disque vient d’être édité, en vente à la boutique du studio avec Radio France et le soutien de la Fondation Orange (16 euros). Renseignements et réservations au 01.48.58.98.58 et www.comedie-francaise.fr
Jouent également en alternance : Michel Favory, Florence Viala, Clément Hervieu-Léger.
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