Le cancer ovarien est, en fréquence, le quatrième cancer féminin, avec 140 000 décès annuels dans le monde.
Si, depuis trente ans, des progrès ont été réalisés (chirurgie, chimiothérapie à base de platine), la plupart des femmes développent une récidive et meurent dans les cinq ans.
En première ligne de traitement, on utilise la chimiothérapie à base de platine (de plus en plus le carboplatine, avec ou sans taxane, plutôt que le cisplatine).
La durée de l'intervalle libre
En cas de rechute, la probabilité d'une nouvelle réponse au platine dépend de la durée de l'intervalle libre sans platine. De deux choses l'une
- soit l'intervalle libre est supérieur à six mois, et dans ce cas, la plupart des cliniciens traitent à nouveau avec du platine (même médicament ou alternance carboplatine-cisplatine) ;
- soit le cancer continue de progresser pendant le traitement initial à base de platine ou récidive dans les six premiers mois ; dans ce cas, la tumeur est considérée comme résistante au platine. C'est d'ailleurs dans cette indication que le paclitaxel a été commercialisé pour la première fois.
La plupart des patientes n'ont pas de cancer résistant au paclitaxel mais rechutent six mois ou davantage après le traitement de première ligne. Dans ce cas, est-il licite d'adjoindre du paclitaxel au platine dans le traitement de seconde ligne ? Selon des études d'observation, l'association carboplatine-paclitaxel permet d'obtenir une réponse dans 90 % des cas. Mais aucun essai randomisé n'a encore comparé, chez des femmes ayant une rechute six mois ou plus après la chimiothérapie, l'association platine-paclitaxel au traitement conventionnel à base de platine. C'est dire l'intérêt de la publication, dans le « Lancet », des résultats de deux essais (1) menés en parallèle : ICON4 et AGO-OVAR-2.2.
Deux essais randomisés en parallèle
Au total, 802 patientes ayant un cancer ovarien sensible au platine, récidivant après six mois de survie sans maladie, ont été inclus dans 116 centres. De façon randomisée, elles ont reçu : soit l'association paclitaxel-platine, soit le traitement conventionnel à base de platine. L'analyse a été effectuée en intention de traiter, sauf pour la toxicité.
Le suivi moyen a été de 42 mois ; 530 femmes sont décédées. Les courbes de survie montrent une différence en faveur de l'association paclitaxel-platine : différence de 7 % dans le taux de survie à deux ans (57 % versus 50 %) et de cinq mois en médiane de survie (29 contre 24 mois).
Les courbes de survie sans maladie montrent une différence en faveur de l'association paclitaxel-platine : différence de 10 % (50 % contre 40 %) pour la survie sans maladie à un an et de trois mois en médiane de survie sans maladie (13 contre 10).
« La chimiothérapie par paclitaxel et platine semble améliorer la survie et la survie sans progression de la maladie chez les patientes ayant une rechute de cancer ovarien sensible au platine par rapport à la chimiothérapie conventionnelle à base de platine », concluent les auteurs.
« The Lancet » du 21 juin 2003, pp. 2099-2106 et éditorial pp. 2094-2095.
(1) ICON4 : International Collaborative Ovarian Neoplasm 4 (Grande-Bretagne, Italie, Norvège, Suisse). AGO : Arbeitsgemeinschaft Gynaekologische Onkologie (Allemagne).
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