D'après un entretien avec le Dr Gilbert LHOSTE, Service de psychiatrie, Hôpital de Clermont-Ferrand
Les études évaluant la prévalence des troubles sexuels au cours de la dépression ne concordent pas et souffrent de différents biais méthodologiques. "En pratique, leur repérage dépend beaucoup de la capacité du médecin à questionner l'intimité du patient et il existe un consensus fort sur la nécessité de rechercher un épisode dépressif derrière toute difficulté sexuelle comme d'interroger le dépressif sur sa sexualité" souligne le Dr Lhoste. L'anhédonie inhérente à la dépression inhibe le désir et l'excitabilité chez la femme comme chez l'homme. La réalité est en fait plus complexe et les troubles variables selon les individus. Il est possible, surtout chez les hommes, d’observer une augmentation du désir sexuel et une « hyperconsommation » dans un but de restauration narcissique. Il faut aussi tenir compte de l'impact des antidépresseurs. La plupart, notamment les inhibiteurs de la sérotonine, diminuent le désir et l'excitabilité chez la femme ainsi que chez l'homme où ils entraînent de façon concomitante des retards importants à l'éjaculation et à l'orgasme. Tous les antidépresseurs n'ont pas ces effets qui diffèrent aussi beaucoup d'un patient à l'autre. Il est toujours très difficile de faire la part du traitement et celle de la maladie dans ce contexte, sans interroger le patient sur ses relations sexuelles avant l'épisode dépressif. Les troubles sexuels sont souvent mis en avant pour justifier l'arrêt du traitement, alors qu'il ne peut être question d'écourter une thérapeutique indispensable pour éviter la toxicité au long cours de la dépression, la restauration d'une sexualité normale étant souvent parallèle à la régression de la maladie.
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