IL Y A DEUX ANS, la nomination de Claudie Haigneré avait été reçue comme un bon signe par la communauté scientifique. Cette brillante astronaute se faisait l'écho d'une grande ambition politique pour la recherche : l'objectif annoncé par le gouvernement était d'amener le montant de la Dépense intérieure de recherche et de développement (Dird) à 3 % du PIB à l'horizon 2010. « Soutenir résolument la recherche fondamentale, socle de tout l'édifice dela recherche et du développement, est une priorité », disait-elle en juillet 2002. « Mobiliser le potentiel exceptionnel de nos chercheurs et enseignants-chercheurs en donnant aux plus créatifs d'entre eux les moyens de participer pleinement à la compétition scientifique internationale est un de nos objectifs », ajoutait-elle.
La mobilisation s'est faite dans l'autre sens : les chercheurs protestent contre un budget insuffisant.
La mobilisation est aujourd'hui historique. La pétition lancée le 7 janvier dernier par le collectif Sauvons la recherche a recueilli plus de 74 000 signatures de chercheurs (la pétition citoyenne enregistre près de 240 000 signatures). Selon le collectif, ce sont 1 462 directeurs et 2 103 chefs d'équipe qui ont donné leur démission administrative en signe de protestation. Ce n'est pas tant la méthode employée par la ministre chargée de la Recherche et des Nouvelles Technologies qui est critiquée que le fond de la politique menée par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Claudie Haigneré s'est, en effet, toujours efforcée de prêter une oreille attentive aux chercheurs : elle a rencontré beaucoup de responsables scientifiques et visité de nombreux laboratoires.
« Destruction programmée »
Motivé par le gel des crédits publics de 2002, le combat des chercheurs s'est cristallisé sur les 550 emplois titulaires supprimés en 2004. Cette mesure a été perçue comme la marque d' « une destruction programmée de l'appareil de recherche français ».
Les chercheurs, qui ont obtenu la tenue d'assises de la recherche grâce à l'initiative des académiciens Etienne-Emile Baulieu et Edouard Brezin, demandent que le gouvernement s'engage à joindre les faits à la parole pour que la recherche devienne une priorité nationale. A court terme, ils veulent que le gouvernement fasse un geste symbolique en restituant les 550 emplois. Ils souhaitent, à plus long terme, « la refondation d'un secteur d'activité vital pour l'avenir des citoyens de ce pays, secteur dont tant de jeunes aujourd'hui se détournent ». Cette réflexion collective doit, selon eux, déboucher sur la mise en place d'une politique pluriannuelle offrant des perspectives d'embauche et de carrière attractives pour les jeunes chercheurs.
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