L'immunisation passive à l'aide d'immunoglobulines G neutralisantes (NAbs), lorsqu'elles sont présentes en quantité suffisante et données avant l'épreuve de transmission virale, est capable de conférer une immunité stérilisante.
C'est ce qui a été montré par le blocage de l'infection par le virus chimérique SHIV (VIS/VIH) chez un modèle de singe macaque (Macaca nemestrina).
La cible principale de ces anticorps est représentée par des antigènes d'enveloppe présents à la surface des particules virales.
Parmi de nombreux objectifs visés dans l'élaboration d'un vaccin contre le VIH, il en est deux prépondérants, expliquent les auteurs. Le premier est de trouver des immunogènes capables de provoquer la genèse de NAbs pouvant être efficaces contre toutes les sortes d'isolats viraux primaires, provenant des différentes origines géographiques.
Le second, considéré comme au moins aussi important, est de maintenir l'activité neutralisante à un niveau suffisant pour éviter l'infection lorsque la rencontre délétère avec le virus se produit à n'importe quel moment, y compris tardivement après avoir transmis l'immunité passive.
C'est sur ces secondes données que porte la recherche publiée dans les « Proceedings » de l'Académie des sciences américaine.
Les auteurs se sont efforcés de déterminer les meilleurs délais pendant lesquels les anticorps neutralisants doivent être transmis pour une prévention de l'infection.
Yoshiaki Nishimura, Malcolm Martin et coll. ont transféré des anticorps neutralisants anti-VIH1 à des singes macaques, Macaca nemestrina, à différents moments après l'inoculation par le SHIV.
C'est ainsi qu'ils montrent que le transfert à six heures et non celui à vingt-quatre heures confère une protection stérilisante contre l'épreuve par le SHIV.
Ainsi, une protection totale a été obtenue chez trois des quatre macaques qui ont reçu les IgG neutralisants six heures après une injection intraveineuse de SHIV, comme cela a été attesté par l'étude par PCR à intervalles réguliers et par prélèvements des cellules mononucléées périphériques (PBMC) et des ganglions lymphatiques. Chez le quatrième animal, la réplication virale a été supprimée pendant plus de quatre semaines.
En revanche, une tentative de ne donner les anticorps neutralisants que vingt-quatre heures après le transfert des virus a eu pour conséquence une contamination avec développement de l'infection pour les deux macaques chez qui cela a été essayé.
Quelles sont les implications pour la réalisation d'un vaccin humain ? « Ces résultats suggèrent que, même si un vaccin capable de provoquer des anticorps réactifs de manière large contre les NAbs était déjà élaboré, les anticorps devraient atteindre un haut niveau dans un délai court après l'exposition au virus infectant pour prévenir une infection primaire par un lentivirus », concluent les auteurs.
Epitopes et vecteurs
L'étude fixe de manière un peu plus précise les contraintes à respecter pour l'élaboration d'un vaccin producteur d'une immunité active. On cherche donc des immunogènes capables d'induire des réponses neutralisantes larges. Les efforts récents se sont portés sur les épitopes les plus conservés associés aux glycoprotéines d'enveloppe. Pour que des résultats soient obtenus avec ce type d'immunogène, il faut que l'on trouve un vecteur présentant des garanties de sécurité. Mais on sait qu'il risque de ne pas entraîner de réponse humorale suffisamment rapide et durable. « Dans les systèmes les plus simples, l'activation des cellules B mémoire et la sécrétion d'IgG après immunisation par des antigènes inertes prennent au moins dix-huit à soixante-douze heures. » Ce qui rend peu probable un bon résultat pour un vaccin contre le VIH. Aussi doit-on se focaliser sur le développement de vecteurs qui présentent les qualités maintenant définies (induire des anticorps neutralisants élevés rapidement et longtemps).
« Proc Natl Acad Sci USA », édition avancée, à paraître sur pnas.org.
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