ÉVOLUTION des modes de vie, déplacements nombreux et rapides des hommes et des marchandises, croissance démographique, changement climatique sont autant de facteurs qui semblent réveiller les virus et les bactéries et étendre leur champ d'action.
Malgré les progrès médicaux considérables accomplis au cours des dernières décennies, des maladies comme le paludisme et la tuberculose continuent de s'étendre, la lèpre existe toujours et l'on parle de résurgence de maladies comme la peste.
Pour le Pr François Bricaire, «le développement des maladies émergentes constitue une préoccupation importante». Il considère, en effet que «les dengues, qui sont les plus fréquentes des arboviroses, sont un problème comme en témoigne la poussée observée, il y a quelques mois en Martinique. En Amérique du Nord, le West Nile continue de progresser. Quant au chikungunya, s'il a été à peu près maîtrisé à la Réunion, de fortes poussées persistent dans des pays comme l'Inde, la Malaisie ou l'Indonésie». Pour ces arboviroses, il suffit que certaines conditions climatiques soient remplies (humidité, chaleur…) pour qu'une épidémie apparaisse. A la fin de l'été 2007, des cas de chikungunya ont été notifiés en Italie du Nord et, compte tenu des risques similaires dans certains départements du sud de la France, une démoustication a été entreprise à titre de précaution.
H5N1 est essentiellement un problème vétérinaire.
En ce qui concerne la grippe aviaire, le risque d'une épidémie, pour le Pr Bricaire «continue d'être possible, mais pas forcément obligatoire». Un des constats rassurants aujourd'hui est que les nouveaux foyers restent liés à des transmissions à partir d'animaux. Le Pr Brugère-Picoux, quant à elle, considère que «que la grippe aviaire liée au H5N1 est essentiellement un problème vétérinaire, les cas de contamination humaine ayant été identifiés dans les zones où il y avait d'importants problèmes d'hygiène et après contact étroit entre les hommes et les animaux. Néanmoins, on ne peut exclure une mutation du virus, et des mesures protectrices vis-à-vis des personnes fragiles doivent être développées. Eternuer au pli du coude (et non dans les mains), porter un masque… sont à inscrire dans nos habitudes».
Enfin, les infections bactériennes restent une préoccupation majeure et les bactéries multirésistantes aux antibiotiques sont de plus en plus redoutées. Pour le Pr Bricaire, «la mauvaise utilisation des antibiotiques dans beaucoup d'endroits du monde, pour ne pas dire partout, favorise cette multirésistance. Par exemple, aux Etats-Unis, et de façon moindre en France, la prise en charge thérapeutique d'infections à entérocoques connaît des difficultés croissantes».
Medec, point presse auquel participaient : M. Gentilini, F. Bricaire, J. Brugère-Picoux et R. Gauzit.
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