La médecine mène à tout… Avant la démission mardi, de Jérôme Cahuzac, empêtré dans une affaire de compte suisse présumé, ce dernier était l’un des trois « toubibs » du gouvernement avec Valérie Fourneyron aux Sports et Michèle Delaunay aux Personnes âgées. Et la genèse des ennuis de l’ex-ministre du Budget remonte au tout début des années 90, si l’on en croit ses accusateurs de Mediapart. À l’époque, de 1988 à 1991, il est, avenue de Ségur, l’homme-orchestre du cabinet de Claude Evin, engagé dans des négociations difficiles avec le monde de la santé et dans un bras de fer avec les lobbies de l’alcool et du tabac. On connaît la suite. Quittant le ministère de la Santé, telle une chrysalide, le cardiologue deviendra consultant et chirurgien esthétique. Avant de revenir quelques années plus tard à la politique avec l’onction de l’élection. Voilà pour le parcours jusqu’alors sans faille de ce sportif accompli…
Au-delà de l’anecdote, le départ de Jérôme Cahuzac est un mauvais signal pour l’exécutif. À commencer par le président, déjà au plus bas dans les sondages, obligé de sacrifier un rouage-clé de son système. Car Cahuzac était devenu un incontournable. Comme bien d’autres au PS, il aura été successivement rocardien, jospinien, strauss-kahnien, avant de se rendre indispensable à François Hollande. Son départ va donc inévitablement changer la donne au sein du gouvernement, au pire moment pour l’exécutif. Car le fringant sexagénaire soignait surtout ces derniers temps les comptes publics. Quoique ministre « délégué », c’est lui qui semblait tenir les rênes de Bercy et donnait le « la » de la rigueur. La hausse des impôts, c’est lui. Les coupes budgétaires dans les ministères, c’est encore lui. Les économies et les recettes nouvelles sur l’assurance maladie c’est toujours lui.
La démission un peu forcée du Dr Cahuzac gêne le gouvernement, mais pourrait, paradoxalement, arranger certains ministres. En dépit des regrets éternels professés çà et là, il était, en effet, devenu la bête noire de nombre de ses collègues. Pierre Moscovici, patron en titre de Bercy, va pouvoir conforter son autorité sur la rive droite. Et c’est aussi le tandem Bercy-Ségur qu’il va falloir redéfinir. Avec son successeur, Bernard Cazeneuve, Marisol Touraine pourrait en profiter pour gagner en marge de manœuvre sur la tutelle des comptes sociaux. À suivre attentivement lors de la préparation du prochain PLFSS…
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature