LE PARACETAMOL est, de loin, le plus vendu des antalgiques de palier 1 : en 2002, en France et chez l'adulte, cette molécule a représenté 91 % des prescriptions d'antalgiques non opioïdes contre seulement 4 % pour l'aspirine et 5 % pour les Ains. Pourtant, la supériorité de l'aspirine et des Ains à doses antalgiques a été démontrée dans de nombreuses pathologies courantes telles que les céphalées, les angines ou les pharyngites.
Concernant les céphalées de tension, l'aspirine et les Ains bénéficient de preuves d'efficacité de grade A (efficacité établie par des études de fort niveau de preuve) alors que le paracétamol ne bénéficie que de preuves d'efficacité de grade C (efficacité établie à partir d'études de moindre niveau de preuve). L'Anaes et le « US Headache Consortium » recommandent en outre l'utilisation de l'aspirine ou des Ains en première intention dans le traitement de la migraine. Cependant, dans la pratique courante, le paracétamol reste largement prescrit.
Comment expliquer ce phénomène ? Il semble que la clé du mystère soit le fameux « principe de précaution » par rapport aux effets indésirables gastriques. Ce risque existe réellement dans les traitements de longue durée tels que l'arthrose. Mais, selon le Dr Paul Ben Soussen (directeur médical Sanofi-Synthélabo OTC), la tolérance gastrique ne devrait pas être un frein important à la prescription d'aspirine ou des Ains dans les indications ne nécessitant qu'un traitement court, sous réserve du respect des précautions d'emploi et des contre-indications.
Une enquête téléphonique.
C'est d'ailleurs ainsi que réagissent les généralistes français lorsqu'ils traitent leurs propres douleurs. Au cours d'une enquête téléphonique récente, il est apparu qu'ils s'autoadministrent bien plus d'aspirine qu'ils n'en prescrivent à leurs patients.
Par ailleurs, l'aspirine et l'ibuprofène représentent 39 % des ventes d'antalgiques de palier 1 en automédication contre seulement 9 % des ventes sur prescription. Cela suggère que les patients se dirigent d'eux-mêmes vers ces deux molécules. Or les choix guidant les patients se fondent certes sur la pression marketing, mais avant tout sur l'efficacité ressentie des molécules et le confort des traitements. Par conséquent, les médecins pourraient modifier leurs habitudes de prescription, sans heurter leurs patients.
Une série d'articles visant à aider les médecins à rationaliser leurs prescriptions d'antalgiques de palier 1 sera publiée par le groupe de recherche antidouleur au cours de l'année 2004 (voir encadré).
Conférence de presse organisée par Sanofi-Synthélabo OTC à Paris.
Le Grad va aider les médecins à prescrire
Le Groupe de recherche antidouleur (Grad) a été créé à l'initiative des Laboratoires Sanofi-Synthélabo OTC en avril 2003. Il a pour objectifs essentiels d'étudier les bénéfices et les risques inhérents à l'utilisation des différents antalgiques de niveau 1 (aspirine, paracétamol et Ains) et d'aider les médecins dans leur prescription d'antalgiques.
La première mission du Grad a consisté à recenser l'ensemble des études publiées. Cette importante bibliographie va conduire à la publication (courant 2004) d'articles destinés aux généralistes redéfinissant la place des antalgiques de palier 1 en pratique courante. Parallèlement, le Grad va développer pour les enseignants de faculté un kit de diapositives relatives à la même thématique.
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