D'un côté, on observe une progression importante de l'obésité et, de l'autre, on assiste à une véritable prise de conscience de la relation entre la nutrition et la santé. Autre paradoxe, de plus en plus de Français font leurs courses alimentaires dans des magasins « hard-discount » alors que les produits issus de l'agriculture biologique et ceux du commerce équitable connaissent un succès croissant. Les comportements dans la consommation alimentaire semblent régis par des phénomènes complexes et parfois contradictoires. C'est la « traduction dans l'alimentation et l'appertisé de l'évolution des comportements de vie et de consommation » qui a retenu l'attention des professionnels de la conserve. Une tendance lourde émerge depuis une trentaine d'années, celle de l'abandon du « modèle traditionnel français ».« On passe de moins en moins de temps à préparer les repas (1 h 15 en moyenne dans les années 1960 pour 35 minutes aujourd'hui), le modèle des trois plats par repas a quasiment disparu et la dimension conviviale de la nourriture s'estompe au quotidien (60 % des Français dînent devant la télévision) », explique Jean-Pierre Loisel, directeur du département de consommation du Credoc. Cette réalité trouve sa correspondance dans la manière de faire ses courses : « On fait de plus en plus ses courses à l'heure du déjeuner ou tard le soir en cherchant des solutions qui prennent le moins de temps possible : livraison, hard-discount où il y a moins de choix, donc où les courses se font plus vite », ajoute Christian Loviton, « chasseur de tendances ». Le manque de temps fait aussi que les repas sont de plus en plus souvent pris en dehors de la maison, surtout dans les grandes villes. Le « snacking » est ainsi le fait des jeunes urbains actifs, qualifiés par les professionnels de « consommateurs nomades ».
manger en faisant autre chose
Cécile Biton, directrice marketing pour la société de restauration collective Elior France, les connaît bien : « Nous assistons chez ce type de consommateurs à un empilement du temps (il veut manger en travaillant, en se déplaçant ou en se distrayant), à un fractionnement des repas (le grignotage prend de plus en plus de place) et à une référence au voyage (il veut dans son assiette des produits qui le fassent voyager). »
Pourtant, la nutrition est devenue une réelle préoccupation pour de plus en plus de Français. Les industriels l'ont bien compris. « On ne peut plus échapper aujourd'hui au discours sur la nutrition, le moment est venu de le démocratiser », plaide Jean-Pierre Hermann, directeur marketing chez Monoprix. « Le consommateur n'est pas complètement dupe sur ce qu'on lui propose d'autant que les discours changent souvent, qu'il y a beaucoup d'exagération de marketing et que les réelles innovations sont finalement assez rares », tempère Christian Loviton. Et, finalement, que répondent les Français à la question « qu'est-ce que bien manger ? » : d'après les études du Credoc « Quelque chose qui a du goût et qui me fait plaisir ». Le goût n'est pas une tendance mais reste une loi de la consommation alimentaire.
11e Journée nationale de l'appertisé.
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