A Ramatuelle, la CSMF se remet en ordre de marche pour 2004

Publié le 28/09/2003
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de notre envoyé spécial

En repoussant d'un an au moins toute réforme d'envergure de l'assurance-maladie, officiellement pour ne pas présumer du processus de concertation qui va s'ouvrir, le gouvernement ne s'est-il pas trompé de calendrier ? On pourrait être tenté de le croire.

A Ramatuelle, en tout cas, où s'est tenue pendant trois jours la 9e université d'été de la CSMF, le premier syndicat de médecins libéraux a clairement montré, entre ateliers, rencontres informelles et tables rondes, son immense appétit de réformes. Quelle gouvernance pour l'assurance-maladie ? Quel panier de soins ? Quelle place pour l'assurance complémentaire ? Quelle régionalisation ?
Pour le Dr Michel Chassang, président de la « Conf », « tout est à revoir, tout est à inventer ». En clair, ce ne sont pas les « rustines » ou les « bouts de chandelles » du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2004 (PLFSS) qui empêcheront le bateau de « prendre l'eau de toutes parts ».
Problème : le Dr Chassang a tranché seul le débat stratégique et on ne cesse de le lui reprocher. Pour peser de tout son poids dans la réforme, la CSMF « devait faire un geste », montrer sa bonne volonté au gouvernement, prendre toutes ses responsabilités au risque de perdre quelques plumes. D'où la signature, cet été, d'un accord inattendu avec les caisses, ouvrant la voie d'un règlement conventionnel minimal pour les spécialistes et prévoyant des revalorisations tarifaires pour les seuls médecins cliniciens du secteur I.

Illisible

Mais pour beaucoup de confédérés, qui sortent la tête haute de huit ans d'opposition acharnée, la pilule reste amère. Trop brutalement administrée. « Texte de la honte », « signature croupion », « décision autocratique », a-t-on pu entendre ça et là. Des propos durs malgré la douceur varoise. L'explication interne a eu lieu à huis clos. La marmite de Ramatuelle bouillait. « On n'entend plus les coordinations, mais maintenant c'est en interne que ça bouge », analyse le Dr Chassang. Jamais sans doute dans l'histoire récente de la Conf le débat n'a été aussi exacerbé. Certains ont déjà intégré le virage du partenariat. « Moi, je fais partie de ceux qui ont demandé à Chassang d'aller de l'avant ; car on ne peut pas rester éternellement en opposition, résume le Dr Denis Aucant, au nom de la puissante fédération des radiologues. 1995-2003, il fallait tourner la page. »
D'autres cadres assument la ligne officielle mais ont dû ramer de toutes leurs forces pour éviter la rupture. « Les anesthésistes sont furieux, explique le Dr Michel Lévy, 22 ans de syndicalisme, secrétaire général du Syndicat national des anesthésistes-réanimateurs (SNARF). Ils ont vécu comme une insulte leur exclusion du monde des cliniciens dans le RCM. » Fallait-il claquer la porte de la maison confédérale ? « Cela aurait été stérile et la CSMF est la seule centrale qui ait une structure. »
D'autres enfin ne s'en remettent pas et égratignent le médecin de famille à la tête de la Confédération : « Il y a un malaise avec Chassang. Il n'a pas de discours clair pour les spécialistes », glisse un psychiatre.
Quant aux généralistes de la CSMF, ils sont pour l'instant plus en retrait dans cette polémique. Même si plusieurs départements ruraux ont fait connaître leur mécontentement. « Ce qui est très mal vécu, c'est la rupture du front syndical avec le SML et Alliance. Dans cette histoire, c'est la CSMF qui a été le "maillon faible" », commente le Dr Luc Duquesnel, président de la CSMF 53, qui parle de « stratégie illisible pour la base ».
Certains enfin se demandent ce qu'est devenue la revendication d'un nouvel espace de liberté tarifaire.
Le Dr Chassang n'ignore rien des crispations et des doutes qui habitent la Confédération depuis quelques semaines. Il espère un retour à un minimum de sérénité pour que la Conf, à nouveau en ordre de marche, puisse jouer « tout son rôle. Rendez-vous est pris pour 2004 ».

Cyrille DUPUIS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7392