O N savait déjà que certains paramètres biologiques liés à l'alimentation sont modifiés durant le ramadan (gastrine, insuline, glycémie, pH gastrique). L'équipe du Pr Touitou (Salpêtrière, Paris), qui rendait compte de ce résultat en 1997, a, par la suite, étudié les variations des sécrétions hormonales durant le mois du ramadan. Cette recherche, menée en collaboration avec l'hôpital militaire d'Oran, a inclus dix hommes médecins volontaires en bonne santé, âgés de 32 à 40 ans. Aucun d'entre eux ne prenait de médicament ou n'avait fait un vol transméridien dans les deux mois précédant le ramadan.
L'originalité de l'étude a consisté à effectuer deux séries de prélèvements, la première, une semaine avant le début du jeûne, et, la seconde, au 23e jour du ramadan, en ayant pris soin de désynchroniser préalablement les sujets vers des heures d'endormissement tardives. En pratique, au moment des dosages témoins, les sujets avaient une durée de sommeil allant de minuit à 7 heures, ce qui est approximativement comparable aux horaires du ramadan (à une heure près).
Repas à 19 heures et à 1 heure du matin
Les horaires et la qualité des repas étaient standardisés pour tous les candidats avant (8 heures, 12 heures, 19 heures) et pendant le ramadan (19 heures, 1 heure). La durée d'exposition à la lumière du jour et les activités socioprofessionnelles étaient comparables aux deux temps de l'étude (une heure de plus d'ensoleillement pendant le ramadan).
Les prélèvements réalisés à l'aide d'un cathéter toutes les quatre heures pendant 24 heures ont mesuré le cortisol, la mélatonine, la testostérone, les T3 et T4 libres, la TSH, la prolactine (PRL), l'hormone de croissance (GH), la FSH et la LH.
Les résultats ont montré des variations significatives des horaires des cycles de sécrétion de mélatonine, du cortisol, de testostérone, de PRL, de FSH, de GH et de TSH.
Baisse de la mélatonine et de la FSH
Les sécrétions de mélatonine et de FSH étaient globalement abaissées, celles de LH, T3 et T4 ne présentaient pas de variation significative. Il est intéressant de constater que le pic de cholestérol qui fait suite au repas de midi n'était pas clairement présent le jour des prélèvements témoins.
En phase de ramadan, la sécrétion de cortisol était nettement biphasique, avec un plateau entre 16 heures et 20 heures, et un pic de cortisol matinal plus important. La mélatonine a maintenu sa rythmicité circadienne, mais avec une baisse d'amplitude nette à 4 heures du matin, peut-être en raison de l'exposition prolongée à la lumière artificielle.
Ces résultats, qui portent, certes, sur un petit nombre de sujets, semblent indiquer que la sensibilité des rythmes oscillatoires aux différents synchroniseurs respecte une certaine hiérarchie. Le fait que le paramètre le plus important de l'étude soit la modification de l'heure des repas est également très innovant, car, jusqu'à présent, les variations des rythmes biologiques semblaient principalement liées au rythme veille-sommeil. L'heure des repas pourrait donc être un important synchroniseur chez l'homme.
André Bogdan, Belal Bouchareb, Yvan Touitou, « Life Sciences » 68 (2001) : 1607-1615.
Un jeûne déterminé par le calendrier lunaire
La période du ramadan durant laquelle les musulmans s'abstiennent de manger, de boire, de fumer et d'avoir des relations sexuelles, du lever au coucher du soleil, conduit à modifier les rythmes circadiens durant un mois. En effet, l'alimentation ne pouvant se faire que pendant une période limitée après le coucher du soleil, les rythmes veille-sommeil sont modifiés et la quantité totale de sommeil est diminuée. La date du ramadan étant fixée par le calendrier lunaire, la durée totale du jeûne diurne varie de 12 heures à 16 heures.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature