Jean-Pierre Raffarin a inscrit sur son agenda de septembre plusieurs rendez-vous avec les professionnels des maisons de retraite et de l'aide à domicile aux personnes âgées, premières victimes de la canicule qui a frappé la France au début d'août. Ces rencontres ont pour objet de préparer un plan interministériel « Vieillissement et solidarités ». Le chef du gouvernement, le ministre des Affaires sociales François Fillon et le secrétaire d'Etat Hubert Falco vont dialoguer avec les principales fédérations représentant les professionnels de l'hébergement (établissements publics, associatifs et commerciaux) et de l'aide à domicile, la Commission nationale des retraités et des personnes âgées et l'Association des départements de France.
Demandé le 21 août par Jacques Chirac, ce plan, qui s'appuiera sur « un diagnostic sincère et partagé » de la situation dans les établissements d'accueil du quatrième âge, sera rendu public dans le courant du mois d'octobre.
Aides aux aidants
et accueils de jour
Pour sa part, la Fondation de France propose plusieurs initiatives afin de lutter contre la solitude des anciens, tragiquement mise en évidence lors de la canicule. « L'enjeu aujourd'hui est de repenser les réponses, trop longtemps menées dans le cadre d'une politique médico-sociale de soins à domicile ou en établissements, au profit de projets à l'échelle des quartiers, des villes ou encore des agglomérations », souligne la Fondation qui entend développer le « vieillir chez soi ou comme chez soi ».
Dans cet esprit, elle suggère la mise en place d' « aides aux aidants ». Qu'il soit rattaché aux soins à domicile, à un établissement ou à une association de familles, le service complémentaire d'aides aux aidants a pour objectif d'épauler les proches ou parents dans leur démarche d'information et l'expression de leur vécu. L'adhésion peut être payante. L'organisation de groupes de paroles est recommandée ; ils donnent la possibilité aux participants de formuler leurs inquiétudes et de retrouver une vie sociale « sans s'épuiser, ni culpabiliser ».
Il faut aussi développer l'accueil de jour, qui préserve l'autonomie de la personne et évite le repli sur soi, favorise le maintien à domicile en offrant un lieu de rencontre et d'échange. Il est déjà opérationnel pour les personnes souffrant de troubles de la mémoire. Autre formule « à taille humaine », la « petite unité de vie » ouverte à 10 ou 20 personnes. Adaptée à la perte d'autonomie, elle se présente sous forme d'habitat intermédiaire entre le domicile, devenu inadapté, et la maison de retraite. Pour aider les personnes seules à assurer sans angoisse le passage du jour à la nuit, les « gardes itinérantes nocturnes », par abonnement, garantissent des interventions régulières ou d'urgence par des systèmes d'appel direct ou de téléassistance.
L'hébergement temporaire, en liaison avec les partenaires gérontologiques locaux, est une solution recommandée pour les anciens éprouvant momentanément des difficultés à domicile (logement mal chauffé, retour d'hospitalisation, indisponibilité de la famille).
Enfin, la Fondation de France évoque les « Points info écoute » qui mettent à la disposition du public les informations existantes sur la commune, et qui peuvent être également des « Points de rencontres » (accueil, consultation, contacts).
Insuffisances structurelles
De son côté, la Société française de gériatrie et de gérontologie dénonce « les insuffisances du système de santé vis-à-vis des sujets âgés fragiles », particulièrement concernées par la poussée thermique d'août. « Il ne s'agit pas de fustiger d'éventuels coupables, mais de structurer enfin l'organisation des soins spécifiques à cette population », indique sa présidente le Dr Françoise Forette, qui a été reçue le 25 août par le ministre de la Santé. Une « gériatrie d'excellence » implique, selon elle, « des services de soins et de soutien à domicile dotés de moyens qualitativement et quantitativement adéquats » et « une filière hospitalière de soins comportant des services de médecine gériatrique aiguë capables de prendre le relais immédiats des urgences ». Elle nécessite « un nombre suffisant en aval de lits de courts séjour, de services de soins de suite, de soins de longue durée et de maisons de retraite avec une dotation en personnel médical et soignant, digne de ce nom » et « une coordination des dispositifs médico-sociaux de proximité ». A cela s'ajoute « une formation de tous les acteurs médicaux et sociaux aux soins préventifs et curatifs spécifiques aux personnes âgées et la reconnaissance de la valeur de ces métiers », ainsi que « la promotion de la recherche en gériatrie », conclut la gériatre.
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