Radis

Publié le 26/04/2014

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On le croyait homme du XXIe siècle incarnant les valeurs obligatoires de son temps, à savoir la transparence, la droiture, la rigueur. Ses ennemis le décrivaient plutôt comme un héritier du XVIIIe, pâle copie de Robespierre prêt à conduire à l’échafaud tous ceux qui auraient sacrifié l’intérêt public à des « liaisons dangereuses » avec les laboratoires pharmaceutiques. Après les révélations de Médiapart, Aquilino Morelle qui se plaçait sous le bel étendard de la méritocratie a été présenté comme un de ces petits marquis précieux du XVIIe siècle moqués par Molière, sûrs de leurs privilèges, arrogants et au final vulgaires. Quel auteur aurait pu écrire une telle scène de comédie mondaine à défaut d’être humaine où les ors d’un palais républicain abritait des séances de lustrage de mocassins hors de prix ? On aurait pu alors citer les moralistes du XVIIe siècle, François de La Rochefoucauld pour lequel « nos vertus ne sont le plus souvent que des vices déguisés ». Mais en vérité, ce fils immigré d’un ouvrier du bâtiment s’est hissé au statut enviable de notable de province type du XXe siècle, radical socialiste décrit par Albert Thibaudet comme un simple radis, « il serait rouge au dehors, blanc au-dedans, et se placerait dans l’assiette au beurre »…