CONGRES HEBDO
Dans les années quatre-vingt-dix, la radiothérapie conformationnelle a permis de définir un volume cible à irradier, à partir du scanner ou de l'IRM et d'adapter la dose délivrée de manière très précise, mais le risque d'irradiation des organes critiques de voisinage persistait.
Depuis une dizaine d'années s'est développée, notamment aux Etats-Unis, la modulation d'intensité, qui consiste à modifier, à l'intérieur même du faisceau, la densité de particules par unité de lieu (pixel), ce qui permet d'éviter l'irradiation des organes critiques même très proches du volume irradié. La répartition de dose ainsi obtenue est encore plus dirigée sur le volume tumoral. Le système de dosimétrie est également modifié. Le radiothérapeute fixe, d'une part, la dose minimale qu'il souhaite pour le volume cible et, d'autre part, la dose qu'il ne veut pas dépasser dans certains organes critiques et le logiciel calcule en conséquence le nombre de faisceaux nécessaires, leur orientation et la modulation d'intensité à l'intérieur de chacun des faisceaux. « Par exemple, explique le Dr Hennequin, l'irradiation peut être de 80 grays au centre de la prostate et de 65 ou 70 grays seulement sur sa face antérieure, à proximité du rectum. »
En terme d'équipement, il faut disposer d'un collimateur multilames, dont les lames vont être mobiles pendant la durée d'irradiation : c'est ce qui assure les modulations d'intensité à l'intérieur du faisceau, certaines parties du faisceau étant cachées pendant le temps de l'irradiation. Enfin, des logiciels de planification inverse, beaucoup plus performants que les logiciels de radiothérapie conformationnelle classique gèrent le système de dosimétrie.
Modernisation du parc de radiothérapie
« A priori, un grand nombre de services de radiothérapie français devraient s'équiper de ce matériel d'ici à deux-trois ans. Ce sont des appareils dont l'acquisition peut être envisagée dans le cadre d'une modernisation du parc de radiothérapie français, indispensable à court et à moyen terme... commente le Dr Hennequin. Mais, comme toute nouvelle technique, la radiothérapie avec modulation d'intensité a ses limites : pour être performante, elle nécessite une mise en place du malade et une contention extrêmement précises. La reproductibilité des traitements d'une séance sur l'autre doit être la meilleure possible. »
D'après les premiers résultats cliniques obtenus aux Etats-Unis, la radiothérapie avec modulation d'intensité semble particulièrement intéressante pour l'irradiation de certaines tumeurs comme :
- le cancer de la prostate : elle permet d'augmenter la dose reçue par le volume tumoral, en dépassant notamment la barrière de 80 grays fixée avec la radiothérapie conformationnelle, sans majorer le risque de séquelles ;
- les tumeurs proches des globes oculaires ou des structures cérébrales fragiles ;
- les tumeurs proches de la moelle épinière, comme certaines tumeurs bronchiques de type Pancoast-Tobias ;
- les cancers ORL, que l'on pourra sans doute traiter par des doses plus élevées en évitant l'irradiation des parotides et les glandes salivaires.
« Ce nouveau type de radiothérapie en est encore au stade expérimental en France, a conclu le Dr Hennequin ; les premières machines ont été installées il y a deux ans; il faudra attendre deux ou trois ans pour savoir ce qu'apporte réellement cette technique, tant en termes d'efficacité et d'augmentation du contrôle de la maladie, qu'en termes de toxicité c'est-à-dire de diminution des complications tardives ».
D'après un entretien avec le Dr Christophe Hennequin, hôpital Saint-Louis, Paris).
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