De notre correspondante
à New York
« Notre étude montre que la croissance tumorale et la réponse tumorale à la radiothérapie sont régulées par la fonction microvasculaire », récapitule pour « le Quotidien » le Dr Richard Kolesnick, chef du laboratoire de transduction du signal au Memorial Sloan-Kettering Cancer Center de New York, qui a supervisé ces travaux. « Lorsque l'apoptose radio-induite des cellules endothéliales est empêchée génétiquement par délétion du gène de l'acide sphingomyélinase, les tumeurs deviennent beaucoup plus résistantes a l'irradiation. » Le prochain pas de l'équipe, confie-t-il, est de « tenter d'augmenter pharmacologiquement la fonction de l'acide sphingomyélinase afin de sensibiliser les tumeurs à l'effet de l'irradiation ».
« Cette étude phare aidera à maximiser et à majorer les effets de la radiothérapie », commente dans un communiqué le Dr Steven Leibel, chef du service de radiation oncology au Memorial Sloan-Kettering Cancer Center, qui n'a pas participé à ces travaux.
Dans une précédente étude, parue en 2001 dans « Science », l'équipe avait étudié la lésion radique du tractus digestif et découvert le rôle principal de l'apoptose endothéliale microvasculaire.
2001 : un travail sur la lésion radique digestive
Cette lésion radique était en effet prévenue génétiquement par la délétion du gène asmase (enzyme de l'apoptose), ou pharmacologiquement par l'injection IV du bFGF (basic Fibroblast Growth Factor) dont le récepteur est exprimé sur les cellules endothéliales. Cela révélait que le système microvasculaire, plutôt que les cellules muqueuses, représente la première cible de la radiation.
« On ne savait pas bien si cela surviendrait aussi dans les tumeurs », note toutefois le Dr Kolesnick. « Notre nouvelle étude montre que le fait d'endommager les vaisseaux sanguins angiogéniques de la tumeur contribue effectivement à la régression tumorale ».
Dans cette nouvelle étude, Garcia-Barros, Kolesnick et coll. ont utilisé une souris knock-out privée du gène asmase, par conséquent déficiente en acide sphingomyélinase, l'enzyme nécessaire pour l'apoptose des cellules endothéliales.
Lorsque des cellules de mélanome, ou de fibrosarcome, sont implantées chez les souris knock-out en asmase, les tumeurs développées ont une apoptose endothéliale réduite et une croissance de deux à quatre fois plus rapide que les tumeurs chez les souris normales. « Ainsi, l'apoptose endothéliale est un facteur homéostatique qui régule la croissance tumorale angiogenèse-dépendante », notent les chercheurs.
De plus, lorsque les tumeurs des souris knock-out en asmase sont irradiées, elles présentent une apoptose endothéliale réduite et, contrairement aux tumeurs chez les souris normales, elles sont résistantes à une dose unique jusqu'à 20 grays (Gy).
« Cette étude indique que les dégâts microvasculaires régulent la réponse tumorale à la radiation dans la gamme des doses cliniques », concluent les chercheurs.
De nouvelles approches cliniques possibles
« Nos résultats suggèrent de nouvelles approches cliniques possibles », observe dans un communiqué le Dr Zvi Fuks, membre de l'équipe. « Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour examiner divers domaines, comme le niveau des doses de radiation, le rythme de la radiothérapie et, peut-être, la combinaison à la radiothérapie d'agents anti-angiogéniques. »
« Science » du 16 mai 2003, p. 1155.
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