POUR TROIS des quatorze syndicats adhérents à l'Inph (Intersyndicat national des praticiens hospitaliers), la confusion s'est installée le 10 mars. Le jour où la présidente de l'Inph, le Dr Rachel Bocher, a signé le relevé de conclusions sur la réforme de la gouvernance des hôpitaux.
Le conseil exécutif, les pôles, la contractualisation interne : le Dr Bocher, craignant un retour d'un super mandarinat à l'hôpital, a tout rejeté pendant des semaines. C'est une lettre du ministre de la Santé, Jean-François Mattei, qui serait venue à bout de ses réticences (plusieurs garanties y figureraient) et l'aurait convaincue de signer.
« Depuis ce revirement de situation, je ne comprends plus la position de l'Inph, explique le Dr Bruno Devergie, président du Snph-CHG*, l'un des trois syndicats opposants*. Je crois comprendre qu'on reste opposé à la tarification à l'activité mais qu'on soutient la gouvernance, pourtant faite pour appliquer la T2A. »
A la demande des trois syndicats opposants, l'Inph vient de réunir son conseil d'administration pour clarifier ses orientations. « Le CA a clairement soutenu sa présidente », commente à regret le Dr Devergie. L'heure est-elle venue de faire scission ? Pas encore. « Une refondation syndicale ne peut se faire dans la précipitation, poursuit Bruno Devergie. Nous attendrons jusqu'à la fin de juin que l'Inph clarifie sa position ; ensuite nous aviserons. »
D'ici là, les trois syndicats dissidents resteront en contact rapproché avec la CHG* et l'Amuhf*, également opposés à la T2A et la gouvernance. Les cinq organisations se réunissent d'ailleurs aujourd'hui pour décider d'éventuelles actions à venir.
Le retour du syndicat des pédiatres.
La polémique qui agite son intersyndicat ne semble pas perturber Rachel Bocher : « Chacun a le droit d'exprimer ses contradictions, dit-elle. Je note qu'à part trois syndicats très minoritaires, les autres approuvent le positionnement de l'Inph, qu'ils trouvent clair et cohérent. Les débats au sein de l'Inph vont donc continuer normalement. »
Le retour à ses côtés du syndicat des pédiatres, un temps passé dans le camp des opposants, est sans doute aussi de nature à la satisfaire. Explications du président du Snpeh*, le Dr Philippe Talon : « On peut condamner la précipitation de la signature du Dr Bocher sur la gouvernance. Mais sur un fond de mobilisation quasi inexistante, envisager une participation active au comité de suivi constitue sans doute le meilleur choix. En cette période de bouleversement politique, je crois que l'union fait la force : ce n'est pas le moment d'afficher une scission syndicale », conclut le Dr Talon.
* Amuhf : Association des médecins urgentistes hospitaliers de France.
Snph-CHG : Syndicat national des praticiens hospitaliers des hôpitaux généraux.
Unsmhp : Union nationale des syndicats de médecins des hôpitaux publics.
CFE-CGC : Union syndicale CFE-CGC des médecins hospitaliers et hospitalo-universitaires.
Snpeh : Syndicat des pédiatres des établissements hospitaliers.
Report des débats sur la gouvernance
Depuis sa signature, le Dr Rachel Bocher est autorisée à participer au comité de suivi sur la gouvernance, chargé notamment de superviser les expérimentations de la réforme dans 150 hôpitaux volontaires.
Aucune question de fond n'a été abordée au cours du dernier comité, la semaine dernière, raconte-t-elle. Les débats ont été reportés à une date ultérieure, dans l'attente que le nouveau ministre de la Santé affiche ses positions en matière de politique hospitalière.
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