LES PRIX, les académies n'ont pas attendu la loi du 1er août 2003 relative au mécénat, ni les allègements d'impôts en matière de dons pour en remettre. L'Académie de médecine en décerne depuis 1835, le temps de réunir quelques legs après sa fondation en 1820. Les académies «ont pour mission d'imprimer à l'évolution scientifique une direction», déclarait Adrien Proust (le père de Marcel), son secrétaire annuel, en 1886, et les sujets des prix et les récompenses décernés sont un des moyens d'arriver à ce résultat. L'Académie de médecine peut s'enorgueillir d'avoir distingué en leur temps Trousseau, Broca, Charcot, Ranvier, primés en 1826, Babinsky, en 1885, ainsi qu'Albert Calmette et Camille Guérin (prix Audiffret) et Antoine Béclère (prix Daudet) en 1906, pour ne citer que quelques exemples.
L'Académie des sciences n'a pas procédé autrement, elle qui lançait à l'origine des prix comme autant de concours entre les savants pour trouver la solution d'un problème. «L'attribution de prix à des chercheurs français et étrangers est une des missions essentielles de l'Académie des sciences», peut-on toujours lire... sur son site Web.
Depuis la création des grands organismes de recherche comme le Cnrs et l'Inserm, les prix ont perdu tout rôle de pilotage de la recherche mais non leur vertu d'encouragement. Si, pour soutenir certaines recherches, on leur préfère les subventions accordées par les fondations à des projets sélectionnés, recevoir un prix marque souvent le début d'une carrière. «Nos prix sont de plus en plus ciblés et attribués à des jeunes de plus en plus pointus qu'il est essentiel d'encourager, insiste le Dr Pierre Joly, président du Conseil de surveillance de la FRM, 40% des chercheurs vont partir à la retraite dans les dix ans, il faut absolument attirer des jeunes vers la recherche fondamentale et les y retenir.»
Le Pr Philippe Sansonetti distingue ainsi trois types de prix :
– les prix nationaux modestes quant au montant mais à forte image, qui vont conforter un jeune scientifique dans sa vocation ;
– les prix prestigieux plus ciblés, bien dotés, qui vont saluer une « ascending life », un chercheur et son équipe en pleine croissance ;
– les prix qui couronnent une carrière, comme le Lasker, le grand prix de l'Inserm, la médaille d'Or du Cnrs (pour les chercheurs de cet organisme), etc. Et le Nobel, ça va de soi.
Une chose est sûre : quel que soit l'âge du récipiendaire et le montant, recevoir un prix fait toujours plaisir (voir les interviews de lauréats).
«Les chercheurs n'ont pas la reconnaissance sociale qu'ils méritent», souligne le Pr Jean-François Bach, distingué immunologiste, l'un des deux secrétaires perpétuels de l'Académie des sciences (l'autre est le Pr François Gros), « une des fonctions des prix est de faire valoir l'importance de la recherche aux yeux du public et de combler un déficit de notoriété. Les scientifiques sont comme les artistes, ils sont en quête de reconnaissance et se posent sans cesse la question: est-ce que ce que je fais est bien?»
Un enjeu international.
Le Pr Jean-François Bach ne s'en cache pas : les prix remis par l'Institut doivent servir à encourager notre recherche nationale mais aussi à donner une image de la France à l'étranger. «Il n'y en a que pour le Nobel», regrette-t-il. Plusieurs grands prix de fondations ont été créés ces dernières années sous l'impulsion de Pierre Messmer, chancelier de l'Institut de 1999 à 2005. Et, depuis trois ans, l'Institut a choisi de les remettre sous la Coupole lors d'une cérémonie solennelle. Les cinq prix du mécénat scientifique totalisent plus de deux millions d'euros. Ils sont internationaux. Le prix scientifique de la fondation Louis D., que le Pr Bach a remis lui-même cette année, récompense deux « stars » de la grippe aviaire, travaillant dans des centres de l'OMS. Le choix d'un sujet médiatique n'est pas anodin. «Ce prix, fondé en 2000, est encore peu connu malgré son important montant de 750000euros. La remise de tels prix devrait être un événement qui fournit l'occasion de faire parler des progrès d'une discipline scientifique.»
De même, le prix de la fondation Lefoulon-Delalande a couronné deux chercheurs américains pour des recherches dans le domaine cardio-vasculaire.
Après tout, le fameux prix Alfred Lasker a été fondé en 1946 par un pionnier de la publicité, qui s'y connaissait en matière de notoriété et a choisi d'emblée de couronner une avancée majeure. Les prix Lasker pour la recherche médicale (fondamentale et clinique) sont moins courus pour leur montant (25 000 dollars environ) que pour le prestige assuré par un jury composé pour un tiers de prix Nobel qui sont tous d'anciens lauréats. En les récompensant avant le jury suédois (71 Prix Lasker ont eu ensuite le prix Nobel), il est devenu le Nobel américain.
Le prix Galien
Le 38e prix Galien de la recherche pharmaceutique sera remis le 27 juin. Ce prix, fondé en 1970 par Roland Mehl, pharmacien, membre de l'Académie de pharmacie, récompense, d'une part, des médicaments qui ont apporté des innovations thérapeutiques et, d'autre part, des travaux de recherche réalisés en France.
Le jury est composé de quinze personnalités, mêlant cliniciens et pharmacologues.
Le Galien n'est pas doté, mais ses deux médailles, gravées par Albert de Jaeger, prix de Rome, sont un honneur apprécié et reconnu.
Le Galien, c'est aussi l'un des événement majeurs de la profession, auquel « le Quotidien » est associé depuis des années.
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