J'explique
› Les veines ramènent le sang de la périphérie vers le cœur tout en assurant une pression de remplissage cardiaque adéquate. On distingue les réseaux veineux profond et superficiel, reliés entre eux par les veines perforantes. Les veines sont très déformables et distensibles, et au niveau des membres inférieurs, elles sont pourvues de valvules leur permettant un meilleur retour veineux.
› Le calibre des veines dépend de la différence entre la pression à l'intérieur du vaisseau et la pression périveineuse. La première est liée à la pesanteur, la seconde est conditionnée par la pompe musculaire encore appelée "cœur périphérique" (muscles et aponévroses du mollet). L'exercice musculaire permet de réduire notablement la pression veineuse distale.
› Sous l'influence de facteurs de risque (sédentarité, stations prolongées en position assise ou debout immobile), s'installe une insuffisance veineuse fonctionnelle, aboutissant in fine à une stase veineuse chronique avec hyperpression veineuse chronique. Les veines sont alors hyperdistensibles, se dilatant exagérément sous l'effet de la pression, et les valvules deviennent défaillantes, favorisant et aggravant la stase. Et en réaction au ralentissement du sang du fait de la stase, la viscosité sanguine augmente.
› La compressothérapie, en augmentant la pression extravasculaire d'une quantité sensiblement égale à l'excès de pression veineuse, permet une réduction de calibre des veines atteintes et une réduction de la stase, une réintégration dans les vaisseaux du liquide d'œdème, et une amélioration de la vidange musculaire lors de l'exercice (1).
Je prescris
› On parle de contention lorsque l'on utilise un matériau (bande de contention) non ou peu extensible (la pression n'est effective que lors de l'effort), et de compression lorsqu'il s'agit d'un textile élastique qui exerce une pression active et permanente sur le membre, que les muscles sous jacents soient ou non au repos.
› Le terme "bas de compression" peut désigner des chaussettes (ou bas-jarret), des bas-cuisse ou des collants. Il existe 4 classes de bas de compression, définies par la pression en mmHg exercée par le textile au niveau de la cheville. La force de compression du dispositif diminue régulièrement de bas en haut du membre.
› La maladie veineuse chronique est classée en 6 stades (classification CEAP), depuis la simple présence de symptômes (douleurs, jambes lourdes, prurit, impatiences, œdème vespéral) jusqu'à l'ulcère de jambe. A noter qu’aux stades des symptômes isolés ou de télangiectasies ou de varices de moins de 3 mm, la compression médicale n'a pas prouvé son efficacité.
Je conseille
- Eviter les situations favorisant la stase veineuse : station debout ou assise prolongée (faire quelques pas de temps en temps), piétinement, exposition des jambes à la chaleur (douches ou bains trop chauds, soleil, chauffage par le sol), ports de vêtements serrés. Perdre du poids. Marcher en déroulant bien le pas.
- Lorsqu'un bas de compression a été prescrit, faire prendre les mesures exactes de la jambe par le pharmacien, et essayer les bas avant l'achat. Ne pas emprunter les bas d'une tierce personne.
- Enfiler les bas le plus tôt possible le matin, mais l'enfilage strict avant le lever n'est recommandé qu'en cas de lymphœdème.
- Enfiler les bas en position assise, en évitant de déchirer les bas et de tirer excessivement sur la maille. Eviter les plis. Mettre le talon bien en place. Le bord supérieur des chaussettes doit s’arrêter à environ 2 travers de doigt sous le pli du genou. Pour les bas-cuisse, la bande siliconée autofixante se place idéalement à la jonction du 1/3 moyen et du 1/3 supérieur.
- Si l'enfilage est difficile, se faire aider par une personne extérieure ou utiliser un enfile-bas. On peut aussi superposer plusieurs bas.
J'alerte
- Ne pas garder les bas de compression la nuit.
- Ne jamais retourner l'extrémité supérieure d'un bas jarret (risque de garrot), ni la tirer sur le genou.
- Un bas bien adapté ne glisse pas. Si l’anomalie persiste, c’est que le bas n’est pas adapté à la morphologie du patient et il faut reprendre les mesures ou recourir à des produits "sur mesure".
- Pas de compression veineuse en cas d'artériopathie oblitérante des membres inférieurs évoluée.
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