En 1998, l'équipe du Britannique Wakefield décrivait une nouvelle maladie inflammatoire intestinale (hyperplasie lymphonodulaire iléocolique) chez des enfants atteints de troubles du développement neuropsychique (par exemple, autisme). L'hypothèse était celle d'une réaction à un antigène viral, des données préliminaires immunohistochimiques suggérant la présence du virus de la rougeole.
Il était nécessaire d'en savoir plus sur l'éventuelle implication de ce virus. Ce qui a conduit la même équipe à conduire une nouvelle étude.
Le nouveau travail a porté sur des biopsies de l'iléon terminal chez 91 enfants atteints et 70 enfants contrôles.
Résultat : les auteurs ont trouvé du RNA du virus rougeoleux dans le tissu lymphoïde de 75 des 91 sujets atteints, mais chez seulement 5 des 70 enfants contrôles. Le virus prédominait dans les cellules dendritiques et dans les lymphocytes matures ; ce qui suggère une possible interaction entre le virus et la réponse immunitaire dans la pathogenèse de l'iléocolite de ces enfants.
Cette étude soulève, selon les auteurs, une question importante : ce virus joue-t-il un rôle étiologique dans l'inflammation intestinale observée dans les troubles du développement ?
Interprétation difficile
« L'interprétation de résultats est difficile. Il serait entièrement erroné de "sauter" à la conclusion que le composant rougeole du vaccin rougeole-oreillons-rubéole "provoque" la colite ou le trouble du développement chez ces enfants particuliers », estiment deux éditorialistes. Selon eux, la persistance du virus de la rougeole pourrait aussi bien refléter l'incapacité des patients ayant des troubles du développement à faire la clairance du virus. L'entérocolite pourrait provoquer un défaut de clairance. « En aucune manière, ces données ne peuvent être utilisées pour généraliser l'idée que le vaccin provoque tous les cas d'autisme et/ou de maladie inflammatoire intestinale », insistent-ils.
Les éditorialistes rappellent que les troubles du développement sont associés à des perturbations fonctionnelles de l'axe cerveau-tractus digestif. Les patients, suggèrent-ils, pourraient présenter, au niveau digestif, un trouble de l'interface entre le système immunitaire et le système sensori-moteur. Un trouble de l'axe cerveau-intestin pourrait donc conduire à des altérations au niveau des neurotransmetteurs locaux et des médiateurs de l'inflammation, empêchant une clairance efficace du virus.
« J Clin Pathol : Mol Pathol », 2002 ; 55 : 0-6.
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