ON NE PEUT résumer un spectacle aussi riche, aussi contrasté, aussi puissant que celui que le metteur en scène polonais Krzyzstof Warlikowski a présenté lors du dernier festival d’Avignon et que l’on peut revoir à Chaillot dans quelques jours. Le texte est un montage qui va des tragiques, Eschyle, Euripide, à Jonathan Littell, J.-M. Coetzee et Hanna Krall, dramaturge avec laquelle Warlikowski avait notamment travaillé sur « le Dibbouk ».
Une question insiste tout au long, que l’on résumera de manière un peu abrupte : à quoi rime le sacrifice, à quoi cela sert-il ? De la jeune Iphigénie au sacrifice des animaux (Elizabeth Costello) en passant par l’histoire d’Apolonia Machczynska, qui tenta de sauver des enfants juifs et mit en péril les siens, l’artiste, entouré de son équipe remarquable, nous prend à témoin. Mais ici, tout passe par un grand théâtre flamboyant et furieux où tout se conjugue, et notamment images scéniques et images vidéo projetées en direct. Les interprètes sont littéralement cernées par la caméra de Pawel Lozinski et ses pairs, qui ne surlignent rien mais décuplent la puissance de la représentation.
Tout se conjugue : la force du montage réalisé avec Piotr Gruszczynski et Jacek Poniedzialek, les lumières, dans la scénographie intelligente de Malgorzata Szczesniak, essentielle dans l’art de Warlikowski, la musique, le chant, avec la présence de Renate Jett, l’interprétation, avec près de vingt comédiens époustouflants, que l’on commence à bien connaître en France, où les spectacles de Warlikowski sont souvent présentés.
Ajoutez les trois musiciens présents, les vidéastes, la chanteuse : un opéra tragique et fascinant dans lequel l’engagement des interprètes donne des frissons. On n’oubliera jamais les hurlements de terreur de la jeune Iphigénie qui, quelques secondes plus tôt, caracolait comme une heureuse cavale, ou les cris déchirants de Clytemnestre. Tout ici saisit, bouleverse, interroge et fait réfléchir. Du très très grand théâtre, terrible et qui secoue…
Théâtre National de Chaillot (Tél. 01.53.65.30.00), du 6 au 12 novembre, à 19 h 30 du mardi au samedi, 14 h 30 dimanche. Durée du spectacle : 4 h 30 avec entracte. En langue polonaise avec surtitrage. Ne craignez pas la longueur : cela passe très vite. Puis à Bruxelles, Théâtre Royal de la Monnaie, les 4 et 5 décembre, et à la Comédie de Genève du 12 au 15 janvier 2010.
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