POUR SON 18e rendez-vous, jusqu'au 28 novembre, le festival du film scientifique « A nous de voir », à Oullins (Rhône), met les questions de « légitimité » au coeur de sa manifestation. L'objectif n'est pas de mettre en cause la pensée scientifique, mais d'interroger la place de la science dans la société.
Sous l'intitulé « Quoi de neuf docteur ? », l'équipe du festival propose, le 19 novembre, de réfléchir sur le rôle d'expert que notre société demande aux médecins de jouer, à partir du film « La maladie de Sachs » (1999), de Michel Deville d'après le livre de Martin Winckler, qui met en scène la révolte d'un généraliste contre une certaine arrogance du savoir médical. Cette projection sera suivie d'un débat avec le Dr Elisabeth Maurel-Arrighi, généraliste, et Brigitte Nessler, philosophe, qui devront faire face à des interrogations d'emblée provocatrices, concoctées par l'équipe du festival. La légitimité du seul discours biomédical sera mise sur le gril ; gageons cependant que le Dr Arrighi, qui milite au Syndicat de la médecine générale, n'aura aucun mal à démontrer que la santé et la maladie ne se résument pas à une affaire de médecine.
De nombreuses autres projections susceptibles d'entraîner de vifs débats sont à l'affiche, notamment sur la distinction sociale des sexes ou les difficultés actuelles du secteur de la recherche scientifique.
Le concours constitue un temps fort du festival : cette année, 8 films sont en compétition et les lauréats proposés pour le Prix Descartes de la communication, organisé par la Communauté européenne, et une cinquantaine d'autres festivals. Au sein de la sélection figure, entre autres, le film de Catherine Peix, « les Origines du sida ». Or ce documentaire diffusé dans le cadre du Sidaction, a provoqué quelques remous : des scientifiques lui reprochent d'avoir fait la part belle à la thèse du vaccin oral contre la polio distribué dans les années 1950 dans l'ex-Congo belge et contaminé par le virus du singe*, au détriment des nombreuses autres existantes sur ce sujet. Le jury du festival, pour sa part, devra évaluer l'originalité, la qualité et la prise de risque de la mise en scène, mais ne pourra faire l'économie d'une interrogation sur sa légitimité.
Renseignements : 04.72.39.74.93.
* Cette hypothèse qui continue de circuler est infirmée par plusieurs études, dont une analyse phylogénétique des souches de SIV (« Nature » et « le Quotidien » du 22 avril 2004).
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