Au théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis que dirige Alain Ollivier, théâtre en cours de réhabilitation (Patrick Bouchain), impression de chantier en cours, la promenade à laquelle vous invite le jeune metteur en scène Richard Brunel prend des allures encore plus étranges. Sa représentation de « la Tragédie du Vengeur » de Cyril Tourneur, auteur élisabéthain, contemporain de Shakespeare, est assez plaisante car elle renoue avec l'ancienne pratique de la déambulation qui rappelle aux amateurs d'heureux souvenirs... Rien de neuf mais tout est frais pourtant même si, et c'est reproche léger, Brunel a tendance a s'enferrer parfois dans la démonstration d'un savoir-faire assez solide.
Il s'appuie sur la traduction de Jean Jourdheuil et Jean-François Peyret, aime les effets - mais dans ce genre de répertoire, c'est le poète lui-même qui les appelle. Il dirige bien les comédiens et si une partie du public, on le sent, a un peu de mal à cerner le nud dramatique initial et confond parfois les personnages, la promenade dans les dessous du théâtre, chacun s'emparant de sa chaise, docile, cette promenade a tant de charme que l'on peut se passer de tout comprendre car tout se révèle peu à peu.
Certaines scènes sont un peu complaisamment conçues, mais il y a un liant, une nervosité, quelque chose de flamboyant qui a du charme et un sens véritable par rapport au texte. C'est donc un beau travail qui parvient, par-delà les propositions hautement spectaculaires, à mettre en lumière le sens ironique, corrosif de cette grande pièce grinçante de Cyril Tourneur.
Et puis, on ne les nommera pas tous, les comédiens sont vraiment intéressants. Ici, le crime appelle le crime, la mort fascine, le sang est partout : un grand théâtre de la cruauté qui est ici parfaitement mis en valeur.
Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, à 20 h 30 du lundi au samedi, sauf mardi à 19 h 30 et le dimanche à 16 heures. Durée : 2 h 40 sans entracte. Relâche le mercredi. Jusqu'au 15 juin (01.48.13.70.00).
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