Les personnes souffrant de surpoids et d’obésité sont parfois étiquetées de « faibles ». Laquelle d’entre elles n’a jamais entendu « pour maigrir, arrête de manger », ou encore « tout est dans la tête ». En fait, certaines théories psychogènes de l’obésité entretiennent l'idée de profils psychologiques caractérisés par « une pauvreté de la vie imaginaire, un discours centré sur le factuel et les sensations physiques, une difficulté à verbaliser ses émotions et un recours à l'action pour éviter les conflits", selon M.B de Chouly de Lenclave, psychiatre à Paris. Ou encore, une faiblesse face à un environnement particulièrement riche en sollicitations alimentaires. Ces théories sont pleines de clichés mais le lien entre psychisme et obésité existe bien, que ce soit chez l’enfant ou chez l’adulte. Selon une étude récente , menée chez 4363 fonctionnaires britanniques, âgés de 35 à 55 ans, non obèses, suivis pendant 19 ans. Ceux qui ont présenté en cours d'étude des symptômes de dépression, d'anxiété ou autres troubles psychiatriques avaient 2 fois plus de risque de devenir obèses à la fin du suivi, même après ajustement sur la prise de psychotropes. Il y avait une corrélation entre le gain pondéral et la chronicité ou la répétition des épisodes psychiatriques.
Manger pour « remplir son vide intérieur »
L'impact des émotions ou du stress a donc indéniablement un impact sur le comportement alimentaire. Sans déboucher obligatoirement sur des troubles alimentaires sévères permanents, la prise alimentaire peut être qualitativement et quantitativement modifiée par des problèmes psychologiques et relationnels. Parfois de façon totalement inconsciente et transitoire. Certaines personnes mangent aussi bien pour supprimer "la sensation douloureuse de vide intérieur" que pour détourner leur agressivité et se dirigent alors plutôt vers les aliments gras et/ou sucrés, rapides à consommer. L’estimation de la prévalence des troubles dépressifs chez les patients obèses varie considérablement : entre 10 à 70 % et jusqu’à 90 % dans certaines études. En outre, certains travaux ont mis en évident un lien entre stress et gain de poids, sans que cela passe obligatoirement par une prise alimentaire plus importante. "Plusieurs mécanismes ont été invoqués comme la stimulation de l'axe hypothalamo-hypophysaire et du système sympathique avec augmentation de la sécrétion de cortisol qui augmente la prolifération et la différenciation des adipocytes viscéraux et stimule l'appétit, ou des perturbations hormonales impliquant la leptine, la résistine et la mélanocortine" explique Jean-Michel Lecerf, Institut Pasteur de Lille .
2 "Stress et obésité", Nutrition clinique et métabolisme, Vol 20, N°2, Juin 2006
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