10 ans après l’accession de la médecine générale au rang de spécialité, voilà une polémique aussi soudaine que révélatrice de la fragilité des nouveaux habits du généraliste. L’affaire concerne la validation des praticiens qui ont été formés avant l’internat pour tous. Et le temps presse, puisqu’au-delà de 2015, la procédure de qualification sera close. Ces dernières semaines, la quasi-totalité de vos syndicats – à l’exception notable de MG – se sont donc prononcés pour qu’on distribue le précieux label à tout ceux qui ne l’ont pas encore. En pratique, CSMF, SML et FMF militent pour que, dans la catégorie fourre-tout des omnipraticiens, personne ne reste au bord de la route et que les homéopathes, allergologues, acupuncteurs et autres ostéopathes puissent y prétendre, quand bien même ils seraient MEP à 100%. La galaxie des MEP s’étend aussi aux hospitaliers qui ne sont pas des spécialistes d’organes, mais que l’Ordre considère comme faisant partie des généralistes...
Tout ça fait beaucoup de monde. Le problème, c’est que la branche universitaire de la profession ne partage pas du tout cet œcuménisme. Au Collège de la médecine générale, comme au CNGE, on fait valoir qu’une distribution générale équivaudrait à un bond en arrière qui nous ramènerait à une époque où tout ce qui n’était pas spécialiste se voyait qualifié par défaut de généraliste. Dans cette affaire, les uns et les autres ne se retrouvent que sur la désignation des lampistes : les commissions de qualifications. Sauf que les griefs ne sont pas les mêmes. L’instance que préside Pierre-Louis Druais déplore l’indulgence de celles qui qualifient des PH. Au contraire, CSMF et SML vilipendent l’intégrisme des « ayatollahs » anti-MEP…
Difficile en réalité de trier le bon grain de l’ivraie, au risque de faire soit des jaloux, soit de réduire la médecine générale à une définition vague, préjudiciable à la cohérence même de la grande famille… des médecins de famille. On peut comprendre pourtant les syndicats de se soucier d’une part non négligeable de leurs électeurs. Et on ne peut pas rester indifférent non plus au sort des MEP car, paradoxalement, ce sont pour eux surtout que la spécialisation pourrait avoir des conséquences tarifaires, en termes de C2, par exemple... Dès lors, la meilleure solution ne serait-elle pas, comme le suggère le président de
l’Ordre, de travailler à un statut sur mesure, distinct de la médecine générale, pour
les MEP. Chacun son métier et les vaches seront bien gardées !
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