LES PREMIERS musées médicaux, parfois ouverts au public à des fins éducatives, sont apparus dès la fin du XVIIe siècle et se sont beaucoup développés au siècle suivant. A l’origine, il s’agissait souvent des « cabinets des curiosités » réunies par des princes ou des scientifiques renommés et de collections anatomiques. Ces musées sont nombreux en Allemagne, pays européen qui, aujourd’hui encore, en réunit le plus. Il est vrai que l’histoire de la médecine est une discipline obligatoire outre-Rhin, ce qui facilite, bien sûr, l’entretien et la mise en valeur des musées. Parmi eux, le musée d’Histoire de la médecine de Berlin fut créé dès 1899 par le père de la théorie cellulaire, le pathologiste Rudolf Virchow, afin de montrer au public des organes malades et les moyens d’échapper aux maladies, notamment par la prévention et l’hygiène. Très abîmé en 1945, le musée a été restauré au début des années 1990 et, tout en exposant des collections originales de pathologie, retrace l’histoire de la médecine berlinoise.
Le Josephinum.
Le musée d’Histoire de la médecine de Vienne est sans doute l’un des plus beaux musées de ce type au monde. Installé dans un palais, l’Académie médico-chirurgicale fondée en 1784 par l’empereur Joseph II pour former ses médecins militaires, il possède notamment une extraordinaire collection de 1 192 cires anatomiques. Réalisées à Florence à partir de 1775, elles étaient destinées à la formation des médecins et furent apportées d’Italie en Autriche à dos de cheval à travers les Alpes. En 1906, l’académie devint musée et se mit à collecter tous les objets et souvenirs de la prestigieuse Ecole médicale viennoise, alors à la pointe de la science et de la recherche mondiale. Bustes, tableaux, livres, instruments médicaux de toutes périodes peuplent les salles somptueuses du Josephinum, qui abrite, en outre, un musée de l’Endoscopie. La bibliothèque du musée est, avec celles du Wellcome Institute de Londres et de l’Ecole de médecine de Paris, l’une des plus riches d’Europe. Elle constitue un outil de recherche irremplaçable, notamment sur le monde germanique et l’Europe centrale.
Trois cents kilomètres plus à l’est, le musée Semmelweis de Budapest, aménagé dans la maison natale du «sauveur des mères», présente de remarquables collections, centrées naturellement sur l’obstétrique.
Plusieurs grandes universités comme Zurich, Pavie ou Moscou, possèdent, pour leur part, d’importants musées d’histoire de la médecine, à la fois scientifiques et patrimoniaux.
D’autres musées ont fait le choix d’une présentation plus globale du sujet, comme le musée de la Médecine de Bruxelles, qui, plutôt que d’évoquer la médecine belge, se distingue par ses collections de statues et d’objets médicaux précolombiens, africains et asiatiques. Complété par une collection de cires anatomiques, il vient, en outre, de remettre en valeur une impressionnante collection de moulages dermatologiques et vénérologiques, qui sert de support à des cours sur la prévention du sida et des MST à l’usage du grand public.
115 musées.
Le musée d’Histoire de la médecine le plus récent est celui d’Oslo, ouvert en 2003 à proximité du musée des Sciences et Techniques. Ses concepteurs en ont fait avant tout un musée de la Santé, chaque salle évoquant des thèmes à la fois historiques et actuels, comme les épidémies, le cancer, le coeur, la naissance ou les médicaments.
Quelque cent quinze musées français, européens et extra-européens sont réunis depuis 1984 au sein de l’Association européenne des musées d’Histoire des sciences et de la médecine, dont le siège se trouve au musée d’Histoire de la médecine de Paris. A côté de ces musées médicaux, il existe dans toute l’Europe de nombreux musées hospitaliers, le plus souvent installés dans d’anciens hôpitaux. Enfin, les apothicaireries et anciennes pharmacies devenues musées sont presque innombrables et rappellent aussi l’importance primordiale de l’officine et de la préparation magistrale dans l’histoire de la médecine et de la santé.
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