FAUT-IL supplémenter les femmes ménopausées, ostéoporotiques et non ostéoporotiques, en calcium et en vitamine D ? Quelques publications récentes ayant remis en question le bénéfice de la supplémentation vitamino-calcique dans la prévention de l'ostéoporose chez les femmes ménopausées, le « Group for the Respect of Ethics and Excellence in Science » (Grees) et l'« European Society for Clinical and Economic Aspects of Osteoporosis and Osteoarthritis » (Esceo), réunis lors du 7e Congrès européen sur les aspects cliniques et économiques de l'ostéoporose (Ecceo 7), ont proposé quelques règles consensuelles sur la place du calcium et de la vitamine D dans la prévention et dans la prise en charge de l'ostéoporose.
Que sait-on des taux sériques de vitamine D les plus protecteurs pour l'os chez les femmes ménopausées ? Autrement dit des taux sériques de 25 hydroxyvitamine D (25OHD3), à même de ne pas augmenter la sécrétion de l'hormone parathyroïdienne, facteur de résorption osseuse, particulièrement chez les personnes âgées. Un consensus semble se faire autour d'un taux variant entre 30 et 50 nmol/l. Avec un tel seuil, 30 % environ des femmes européennes ménopausées semblent carencées. Le seuil acceptable pour la consommation de calcium est plus incertain (les recommandations varient entre 400 et 1 500 mg par jour), d'autant qu'il semble exister une adaptation aux variations de la prise alimentaire, d'où l'absence de recommandation d'une supplémentation systématique en calcium chez les femmes sans facteur de risque ostéoporotique.
Femmes à risque élevé.
En revanche, chez les femmes ostéopéniques, chez celles qui ont un risque élevé d'ostéoporose et a fortiori chez les femmes ostéoporotiques, la supplémentation en calcium et en vitamine D (avec l'obtention d'un taux sanguin de 25OHD3 autour de 50 nmol/l) semble bénéfique pour l'os ; une diminution du risque de fracture a été montrée lorsque l'observance du traitement était suffisante. La supplémentation médicamenteuse en calcium sera décidée et ajustée en fonction de la consommation alimentaire, d'autant plus que l'apport médicamenteux en calcium peut être à l'origine de quelques troubles digestifs chez certaines femmes. En ce qui concerne la vitamine D, chez les sujets ostéoporotiques, la dose minimale doit se situer entre 700 et 800 UI/j (ou de 100 000 UI trimestrielles) après correction de la carence, lorsqu'elle existe, par des doses plus élevées. Cette posologie a démontré son efficacité antifracturaire.
La seule supplémentation en vitamine D ne semble pas capable de réduire le risque de fracture de hanche chez les femmes ménopausées d'après une métaanalyse, d'où un consensus sur la recommandation d'une association de calcium (1 000 à 1 200 mg/j) à la 25OHD3 (800 UI/j) chez des sujets à risque. Les bénéfices attendus de ces traitements doivent toutefois être confirmés dans des études ultérieures.
L'âge.
Plus l'âge augmente, et avec lui le risque de fracture du col fémoral, plus la supplémentation en calcium et vitamine D, sans évaluation préalable du statut, semble, en revanche, nécessaire.
Chez les femmes ménopausées souffrant d'insuffisance rénale, la supplémentation calcique doit être prescrite avec vigilance (risque d'aggravation de l'insuffisance rénale et d'hypercalcémie), de même que chez les patientes traitées par digitaliques du fait d'une potentialisation possible de ces traitements par la supplémentation en calcium et en vitamine D.
Lorsqu'un traitement antiostéoporotique est prescrit, des apports suffisants en calcium et en vitamine D sont un prérequis indispensable pour espérer une efficacité thérapeutique. Une supplémentation est donc recommandée dans cette situation, d'autant que la majorité des études d'efficacité des traitements antiostéoporotiques ont été réalisées en association avec une supplémentation.
> Dr CAROLINE MARTINEAU
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