De façon générale, les professions soignantes sont particulièrement exposées à l’épuisement professionnel, car l’acte de soigner en lui-même comporte des difficultés propices à l’émergence du burn out, qu’il s’agisse des difficultés liées à la relation d’aide, de la confrontation fréquente à l’échec, à la maladie grave et à la mort, ou du risque d’erreur. Le métier de médecin comporte en plus des contraintes en terme d’horaires, de charge de travail et de responsabilité ; contraintes qui bien que de tout temps communément admises par l’ensemble de la profession, sont sans doute de nos jours vécues bien plus douloureusement, les médecins ne trouvant plus comme jadis leur contrepartie en terme d’admiration et de reconnaissance dans la société. Car ce sont pour une bonne part les mutations sociologiques intervenues ces dernières années et notamment l’évolution de la place du médecin qui expliquent en partie de ce mal-être. De plus en plus les médecins s’estiment en effet « sous-bénéficiaires » en regard de l’investissement qu’ils mettent dans leur travail. Ils ressentent une perte d’autorité de la profession, associée à des exigences croissantes de la part des patients et de la collectivité, dans une approche de plus en plus consumériste de la médecine : « On a tendance à demander au médecin tout ce qu’il faisait avant, tout en le traitant comme si son domaine d’activité était limité », constate le Dr Galam. Ainsi de plus en plus, ce dernier estime que les attentes des patients ne sont pas toujours légitimes.
Les limites de la médecine sont de moins en moins souvent acceptées par les patients, l’aspect judiciaire tend à devenir pesant pour les professionnels qui disent craindre davantage les litiges et adoptent en réponse une stratégie de médecine plus « défensive », ce qui est particulièrement le cas chez les jeunes générations. « Nous sommes dans une période de transition, explique le Dr Galam, les patients ont désormais accès à l’information, ils revendiquent leurs droits, et si cette autonomie des patients est profondément salutaire, les choses ont pourtant besoin d’être recadrées, et le rôle du médecin reste à retravailler. »
Les médecins se sentent, en outre, de moins en moins soutenus en particulier par les instances administratives, dont les contraintes leur semblent toujours plus lourdes. S’y ajoutent de nouvelles difficultés organisationnelles comme des problèmes pour trouver des remplaçants et une pénurie démographique dans certaines régions.
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