CONGRES HEBDO
Le combat contre l'asthme se poursuit
La distinction entre voies aériennes supérieures et inférieures s'explique par les données de l'anatomie et de la physiologie. La dichotomie entre des pathologies prises en charge par les oto-rhino-laryngologistes et les pneumologues a contribué à faire considérer l'asthme et la rhinite comme deux entités pathologiques distinctes.
Toutefois, le concept « one airway, one disease » a émergé en 2001. Il s'appuie sur des considérations épidémiologiques, physiopathologiques et cliniques. Sur le plan épidémiologique, en effet, la prévalence de l'asthme et de la rhinite sont en augmentation depuis une vingtaine d'années dans les pays industrialisés. Par ailleurs, ces deux affections coexistent souvent. Ainsi, jusqu'à 78 % des asthmatiques auraient une rhinite et, inversement, 38 % des patients ayant une rhinite seraient atteints par la maladie asthmatique. La rhinite et l'asthme sont donc des affections étroitement liées. Mais elles sont classiquement considérées comme deux conséquences d'un état atopique.
L'hyperréactivité bronchique est plus fréquente en présence d'une rhinite
Il était nécessaire de vérifier si le lien rhinite-asthme était maintenu en l'absence de désordre immunologique entrant dans le cadre de l'atopie. Tel était l'objectif de l'étude European Community Respiratory Health Survey (ECRHS), mise en uvre dans les années 90. Les données de 34 centres participants ont pu être colligées. Elles provenaient de plus de 17 000 personnes qui ont été recrutées pour l'étude et ont permis d'identifier 1 412 patients ayant une rhinite allergique perannuelle, et 5 198 asthmatiques. Ces sujets ont rempli un questionnaire et ont subi une batterie de tests : dosage des IgE totales et spécifiques, prick-test et test de provocation bronchique à la métacholine. Après prise en compte des facteurs confondants (sexe, âge, tabagisme, antécédents familiaux, lieu de séjour et saison), cette étude a confirmé la corrélation asthme-rhinite chez les atopiques. Mais elle a surtout mis en évidence le fait que cette corrélation existe également chez les patients non atopiques. De plus, cette corrélation persiste chez les non-atopiques ayant des taux bas d'IgE. Enfin, l'étude a montré que l'hyperréactivité bronchique est plus fréquente chez les sujets ayant une rhinite que chez ceux qui en étaient indemnes. Ainsi, l'association entre rhinite allergique perannuelle et asthme est forte. Elle permet d'émettre l'hypothèse selon laquelle la rhinite serait un facteur de risque indépendant de maladie asthmatique.
ECRHS II, à la recherche d'un lien de causalité ?
Une étude prospective était nécessaire pour confirmer la suspicion de lien de causalité entre la rhinite et l'asthme. L'essai ECRHS II a été entrepris à cet effet dans 24 centres de 14 pays européens et plus de 10 000 personnes ont été examinées au cours des deux dernières années. Son objectif est de déterminer l'incidence et le pronostic de l'asthme, du rhume des foins et de l'eczéma, mais aussi de décrire la distribution de l'exposition aux facteurs environnementaux associés à une augmentation du risque d'allergie. Elle doit également permettre de déterminer le risque attribuable de pathologie allergique en cas d'exposition chronique à ces facteurs de risque. On pourra notamment comparer l'incidence de l'asthme chez des personnes sans rhinite allergique, et chez des personnes ayant une rhinite efficacement traitée ou, au contraire, non traitée.
D'après un entretien avec le Dr Bénédicte Leynaert, hôpital Bichat, Paris
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